La dermatite estivale récidivante des équidés (DERE) est une affection cutanée courante chez les chevaux causée par une réaction allergique aux piqûres d’insectes. Elle est également connue sous les noms de dermatite estivale, d’hypersensibilité aux piqûres d’insectes, d’eczéma d’été et d’hypersensibilité aux Culicoïdes.

Cette maladie saisonnière débilitante et chronique a tendance à provoquer de graves démangeaisons, une inflammation, une perte de poils et des lésions cutanées chez les chevaux. Cela peut être très frustrant pour les propriétaires de chevaux et entraîner beaucoup d’inconfort pour le cheval.

Tous les chevaux ne développent pas de réaction allergique après avoir été piqués par des mouches ou des moucherons, mais les chevaux atteints de dermatite estivale sont hypersensibles à la salive des insectes piqueurs. Ils peuvent se frotter ou se gratter intensément pour soulager les démangeaisons, entraînant des dommages à la peau.

Décrite pour la première fois en 1840, la dermatite estivale est aujourd’hui une maladie allergique bien reconnue qui touche environ 10 % de tous les chevaux dans le monde. [1] C’est l’une des affections allergiques les plus courantes que les vétérinaires voient aujourd’hui.

Malheureusement, il n’existe actuellement aucun remède contre la dermatite estivale, mais elle peut être gérée afin de réduire les irritations chez les chevaux.

Qu’est-ce qui cause la dermatite estivale?

Les allergies sont des troubles immunitaires causés par des interactions complexes de facteurs génétiques et environnementaux. Les chercheurs ne comprennent pas entièrement pourquoi certains chevaux sont affectés par des allergènes spécifiques alors que d’autres ne le sont pas, mais on pense que la génétique joue un rôle. [3]

Les chercheurs ont divisé les réactions d’hypersensibilité allergénique en 4 classes différentes : type I à type IV. La dermatite estivale est considérée comme une allergie de type I, également appelée hypersensibilité immédiate ou réaction anaphylactique. [2]

La dermatite estivale est généralement causée par une allergie aux insectes piqueurs du genre Culicoïdes. D’autres espèces d’insectes, incluant Simulium, Tabanus, et Stomoxys spp., peuvent également causer ce problème de santé. [4]

Ces types d’insectes sont communément appelés moucherons. Après que le moucheron ait mordu un cheval et commencé à se nourrir, diverses protéines salivaires sont transférées vers la peau du cheval.

Les cellules de la peau libèrent des cytokines (petites protéines) qui alertent les cellules immunitaires voisines qui s’activent pour produire des anticorps spécifiques à l’allergène, principalement des immunoglobulines E (IgE). Ces IgE spécifiques à l’allergène se retrouvent ensuite sur les mastocytes de la peau. Lorsque les IgE se lient à l’allergène (protéines salivaires), elles déclenchent une réaction allergique qui amène les mastocytes à libérer des médiateurs inflammatoires tels que l’histamine et les prostaglandines. La libération d’histamine est à l’origine des démangeaisons au niveau de la peau. D’autres cellules immunitaires sont également impliquées, notamment les éosinophiles et les basophiles. [5]

Les insectes responsables des dermatites estivales se retrouvent dans de nombreuses régions du monde et les espèces varient d’un pays à l’autre. Cette maladie est assez courante en Australie, avec un taux d’incidence signalé de 60 % (d’où le nom «Queensland Itch» en anglais). Les taux d’incidence au Royaume-Uni sont estimés à 3 % et en Allemagne, à 37 %. [6]

Des études démontrent également que les chevaux atteints de la dermatite estivale courent également un risque plus élevé de souffrir d’une obstruction récurrente des voies respiratoires (emphysème équin ou souffle) et vice versa. [7][6]

Les chercheurs pensent que l’augmentation actuelle des maladies allergiques pourrait être liée à l’hypothèse hygiéniste dans laquelle l’amélioration de l’hygiène, la modification de la nutrition et les changements dans le microbiome intestinal jouent tous un rôle. [2]

Génétique et exposition précoce

La dermatite estivale affecte les chevaux de toutes races, mais le risque individuel d’un cheval est déterminé par des facteurs génétiques et environnementaux. Les chevaux nés de juments affectées ou qui ont des deuxièmes mères (grands-mères) maternelles souffrant de dermatite estivale sont plus susceptibles d’en souffrir aussi par rapport aux chevaux issus de premières et de deuxièmes mères non affectées. La composante génétique de la dermatite estivale semble être transmise de la jument au poulain, bien qu’une exposition au même environnement puisse également avoir une influence. [19]

L’effet maternel de la dermatite estivale peut être lié à: [19]

  • Des anticorps IgE maternels contres les allergènes Culicoïdes transmis au poulain via le colostrum
  • Un niveau d’exposition similaire dans un environnement commun
  • Des facteurs de gestion similaires, tels que les protocoles d’alimentation et d’hébergement
  • Une susceptibilité génétique

La preuve qu’une exposition précoce peut réduire les futures dermatites estivale provient des chevaux islandais. Lorsqu’ils sont exportés vers d’autres régions du monde à l’âge adulte, ceux-ci semblent courir un plus grand risque de développer la maladie.

Les chevaux islandais sont plus sujets aux dermatites estivales, probablement en raison du fait qu’ils ne sont exposés aux Culicoïdes et à des espèces d’insectes similaires qu’après leur exportation à l’âge adulte. On ne retrouve pas ces insectes en Islande. Une étude a révélé que 50 % des chevaux islandais amenés en Suisse depuis l’Islande ont développé des dermatites estivales dans un délai de trois saisons estivales suivant leur exportation. [9]

L’exposition précoce semble être importante pour le développement de la tolérance aux allergènes. Par exemple, les chevaux islandais nés en Europe continentale ont une réponse immunitaire moindre aux allergènes que les chevaux islandais nés en Islande et exportés vers l’Europe continentale. [8]

Les symptômes de la dermatite estivale

La dermatite estivale entraîne des lésions cutanées qui sont souvent glabres, suintantes et, dans certains cas, ulcéreuses (qui ne cicatrisent pas).

Les chevaux ont tendance à avoir des démangeaisons sévères au niveau de ces lésions le long du dos, en particulier à la base de la crinière et de la queue. Plus rarement, des lésions peuvent se former sous le ventre, sur les flancs du cheval, ainsi que sur la tête et les jambes.

Les lésions liées à la dermatite estivale peuvent saigner, enfler ou paraître squameuses ou croûtées. Les chevaux tentent souvent de frotter les lésions sur les arbres, les poteaux de clôture, les murs des box ou le sol, entraînant ainsi une perte de poils et une inflammation supplémentaires.

D’autres signes indiquant que votre cheval peut souffrir de dermatite estivale incluent:

  • Des balancements vigoureux de la queue (pour tenter d’éloigner les insectes)
  • Un toilettage mutuel excessif avec les compagnons au pâturage
  • Des roulades au sol excessives
  • Des grattements de la crinière avec les sabots postérieurs
  • Des changements au niveau du comportement, notamment la léthargie, l’agitation et la nervosité
  • Des hochements de tête lorsque des insectes sont à proximité
  • Des plis cutanés qui se développent à mesure que la maladie progresse, menant à un pelage clairsemé avec des pellicules squameuses

Les signes de dermatite estivale sont le plus souvent observés de mai à octobre, bien que le moment de l’apparition des symptômes puisse varier selon l’emplacement. Certains chevaux montrent des signes à la fin du printemps tandis que d’autres peuvent ne montrer de signes qu’à la fin de l’été. [10]

Il est également courant que des infections secondaires surviennent. Les lésions cutanées permettent aux bactéries, aux acariens et aux champignons de proliférer, entraînant ainsi une irritation supplémentaire et davantage de lésions. [1]

Traitement de la dermatite estivale

L’immunothérapie spécifique des allergènes (ITS) est le seul traitement qui s’est avéré efficace pour les hypersensibilités de type I. Ce traitement est utilisé depuis plus de 100 ans pour les allergies humaines. Cependant, l’ITS a une efficacité limitée pour le traitement des dermatites estivales chez les chevaux.[5]

Les stratégies de traitement de la dermatite estivale visent généralement à soulager les démangeaisons et à rendre le cheval aussi confortable que possible. Un traitement d’hyposensibilisation et des stéroïdes ont été utilisés dans certains cas, mais ces traitements ont un taux de réussite inférieur à 50 %. [6]

Les stéroïdes comportent également un risque d’effets secondaires indésirables, incluant l’immunosuppression, le dysfonctionnement corticosurrénalien, le dysfonctionnement hypophysaire, la perte de masse musculaire, l’altération du métabolisme osseux, la susceptibilité accrue aux infections et la laminite, pour n’en nommer que quelques-uns. [2]

Les recherches sont toujours en cours et récemment, deux vaccins ont été produits pour être utilisés contre les dermatites estivales. Le vaccin IL-5 cible les éosinophiles, les principales cellules inflammatoires présentes dans les lésions des chevaux atteints de dermatite estivale.

Les chercheurs ont découvert que la vaccination active contre la cytokine IL-5 réduisait les scores de lésions chez les chevaux. Cette vaccination peut être administrée chaque année avant le début de la saison active de la dermatite estivale. [1]

L’IL-31 est un deuxième vaccin thérapeutique qui fonctionne de manière similaire au vaccin IL-5. Cependant, le vaccin IL-31 cible une cytokine différente responsable des démangeaisons dans les zones présentant des lésions. Les essais cliniques ont démontré que ce vaccin réduisait également les symptômes chez les chevaux atteints. [5]

Bien que ces vaccins ne préviennent pas la réaction allergique elle-même, ils pourraient aider à arrêter le cercle vicieux des démangeaisons et à atténuer les symptômes cliniques de la dermatite estivale. [11]

Gérer et prévenir la dermatite estivale

Il existe un certain nombre de stratégies que les propriétaires de chevaux peuvent utiliser pour aider à gérer les symptômes de la dermatite estivale chez leur cheval. La plupart visent à empêcher les moucherons d’entrer en contact avec les chevaux. Ces stratégies incluent:

  • Rentrer les chevaux dans l’écurie du crépuscule à l’aube – tout particulièrement dans des conditions chaudes et humides lorsque les Culicoïdes sont plus actifs;
  • Éviter de sortir les chevaux dans des secteurs marécageux, des champs trop humides ou à proximité de sources d’eau telles que des étangs
  • Utilisez des couvertures en maille pour empêcher les insectes de piquer
  • Utiliser des masques anti-mouches et des couvre-jambes en maille pour protéger tout le corps
  • Appliquer des insectifuges
  • Nettoyer régulièrement le crottin des zones de pâturage et des écuries pour réduire le nombre de moucherons, qui prospèrent dans les conditions chaudes et humides sur ou autour des excréments
  • Nettoyer régulièrement les abreuvoirs
  • Utiliser des ventilateurs industriels dans les écuries
  • Installer une moustiquaire sur la porte de l’écurie

Insectifuges et traitement topiques

Plusieurs produits ont été développés pour soulager les chevaux souffrant de dermatite estivale. Les extraits d’huiles essentielles de plantes, notamment de camphre, de citronnelle, de May Chang, de menthe poivrée et de patchouli, sont censés avoir des effets immunostimulants, antihistaminiques, anti-démangeaisons, anti-inflammatoires et répulsifs contre les insectes.

Une étude en particulier a examiné l’effet d’un produit à base d’extraits d’huiles essentielles des plantes nommées ci-haut sur les symptômes de la dermatite estivale. Les chercheurs ont découvert une association significative entre le traitement et la résolution des symptômes de démangeaisons, ainsi qu’une amélioration de la gravité de la maladie.

Bien que ce produit n’ait pas guéri la maladie, il peut être vu comme une autre stratégie de gestion efficace pour les chevaux atteints de la dermatite estivale. [6]

D’autres produits qui aident à réduire les démangeaisons incluent les shampooings, les thérapies topiques, les émollients et les substances anti-démangeaisons, mais ces produits doivent être appliqués fréquemment pour être efficaces.

Nutrition

La nutrition peut également jouer un rôle important en aidant à gérer les symptômes de la dermatite estivale et en favorisant la santé de la peau.

Il est recommandé de réduire l’apport en céréales et en moulées sucrées dans l’alimentation des chevaux atteints de la dermatite estivale. Ces aliments sont riches en glucides non structurels, qui peuvent favoriser l’inflammation.

Au lieu de cela, pour soutenir la santé immunitaire de votre cheval et réduire l’inflammation, donnez-lui davantage de fourrage à faible teneur en amidon et offrez-lui une alimentation contenant des niveaux équilibrés de vitamines et de minéraux.

Des études démontrent qu’une supplémentation en acides gras oméga-3 provenant de l’huile de lin peut aider à réduire les lésions cutanées ainsi que l’inflammation chez les chevaux présentant une hypersensibilité aux Culicoïdes. [12] Les chercheurs ont conclu que les oméga-3 pourraient réduire considérablement la réponse allergique associée à la dermatite estivale.

Le produit W-3 Oil de Mad Barn est un supplément d’acides gras essentiels contenant de l’huile de lin et enrichi avec des niveaux élevés d’acide docosahexaénoïque (DHA) oméga-3.

w-3 Oil

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En savoir plus

  • Favorise le confort des joints
  • Aide à combattre l'inflammation
  • état de la peau et du pelage
  • Source appétente d'oméga-3

Un autre supplément qui peut aider à lutter contre les allergies cutanées chez les chevaux est la spiruline – une excellente source d’acide gamma-linolénique (GLA), un gras oméga-6 anti-inflammatoire.

Il a été démontré que la spiruline inhibe la libération d’histamine par les mastocytes et diminue la production d’anticorps pro-inflammatoires. Cela peut contribuer à réduire les réactions allergiques excessives et aider à diminuer les démangeaisons. [18]

Spiruline

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En savoir plus

  • Soutient la fonction immunitaire
  • Utilisé chez les chevaux souffrant d'allergies
  • Favorise la santé métabolique
  • Riche en vitamines et en protéines

La dermatite estivale n’est pas facile à gérer, mais avec des soins vigilants et de la patience, vous pourrez peut-être aider à gérer les symptômes et rendre votre cheval plus confortable.

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Références

  1. Fettelschoss-Gabriel, A. et al. Treating insect-bite hypersensitivity in horses with active vaccination against IL-5. J Allergy Clin Immunology. 2018.
  2. Fettelschoss-Gabriel, A. et al. Molecular mechanisms and treatment modalities in equine Culicoides hypersensitivity. Vet Journal. 2021.
  3. Meulenbroeks, C. et al. Allergen-Specific Cytokine Polarization Protects Shetland Ponies against Culicoides obsoletus-Induced Insect Bite Hypersensitivity. PLoS One. 2015.
  4. van den Boom, R. et al. The effect of a supplement containing sunflower oil, vitamins, amino acids, and peptides on the severity of symptoms in horses suffering insect bite hypersensitivity. Tijdschr Diergeneeskd. 2010.
  5. Jonsdottir, S. et al. New Strategies for Prevention and Treatment of Insect Bite Hypersensitivity in Horses. Veterinary Dermatology. 2019.
  6. Cox, A. et al. Essential oil spray reduces clinical signs of insect bite hypersensitivity in horses . Aust Vet Journal. 2020.
  7. Lanz, S. et al.  Insect Bite Hypersensitivity in Horses is Associated with Airway Hyperreactivity. J of Intern Vet Medicine. 2017.
  8. Jonsdottir, S. et al. Comparison of recombinant Culicoides allergens produced in different expression systems for IgE serology of insect bite hypersensitivity in horses of different origins. Vet Immunol Immunopathol. 2021.
  9. Torsteinsdotti, S. et al. A prospective study on insect bite hypersensitivity in horses exported from Iceland into Switzerland. Acta Vet Scand. 2018.
  10. Hallamaa, R.E.  Characteristics of equine summer eczema with emphasis on differences between Finnhorses and Icelandic horses in a 11-year study. Acta Vet Scand. 2009.
  11. Olomski, F. et al. Interleukin 31 in insect bite hypersensitivity—Alleviating clinical symptoms by active vaccination against itch. European J of Allergy and Clin Immunology. 2019.
  12. O’Neill, W. et al. Flaxseed (Linum usitatissimum) supplementation associated with reduced skin test lesional area in horses with Culicoides hypersensitivity. Can J Vet Res. 2002.
  13. Cvitas, I. et al. Investigating the epithelial barrier and immune signatures in the pathogenesis of equine insect bite hypersensitivity. PLoS One. 2020.
  14. Birras, J. et al. First clinical expression of equine insect bite hypersensitivity is associated with co-sensitization to multiple Culicoides allergens. PLoS One. 2021.
  15. Björnsdóttir, S. et al. Summer eczema in exported Icelandic horses: influence of environmental and genetic factors. Acta Vet Scand. 2006.
  16. Kolm, G. et al. Variations in the concentration of zinc in the blood of Icelandic horses. Vet Rec. 2005.
  17. Huhmann, R. and Mueller, R.S. A cream containing omega-3-fatty acids, humectants and emollients as an aid in the treatment of equine Culicoides hypersensitivity. Vet Dermatol. 2019.
  18. Nemoto-Kawamura et al. Phycocyanin enhances secretary IgA antibody response and suppresses allergic IgE antibody response in mice immunized with antigen-entrapped biodegradable microparticles. J Nutri Sci Vitaminol. 2004.
  19. Schurink, A. et al. Genetic parameters of insect bite hypersensitivity in Dutch Friesian broodmares. J Anim Sci. 2011.