Le soja est un ingrédient qui fait partie de nombreux aliments pour équidés. On peut utiliser différentes parties du soja pour ajouter des protéines, des calories et des fibres à l’alimentation des chevaux.

Le soja est populaire en raison de sa polyvalence et de son prix abordable. L’huile de soja est une source appétente de matières grasses pour les équidés qui ont besoin de calories supplémentaires.

Le tourteau de soja et les fèves de soja torréfiées possèdent également un profil d’acides aminés supérieur à celui d’autres sources de protéines fréquemment employées dans les aliments pour chevaux. Par conséquent, le soja est un ingrédient intéressant pour les régimes riches en protéines que demandent les juments qui allaitent et les chevaux en croissance.

Certains membres de la collectivité équestre se questionnent cependant sur la sûreté des produits à base de soja. Si la consommation de soja de votre cheval vous préoccupe, lisez la suite pour en savoir plus.

Les produits dérivés du soja dans l’alimentation des équidés

L’alimentation des chevaux peut contenir du soja sous de nombreuses formes, y compris le tourteau, l’huile et les pellicules de soja.

Ces différentes formes possèdent des profils nutritionnels distincts. Elles peuvent être utiles pour équilibrer le régime alimentaire du cheval en fonction de ses besoins individuels, qui sont :

  • l’état physiologique de l’animal;
  • la qualité du fourrage;
  • la composition du reste de son alimentation;
  • ses problèmes de santé.

Un nutritionniste équin peut vous aider à décider si les produits à base de soja conviennent à votre cheval et quelle quantité ajouter à son alimentation.

Les fèves de soja torréfiées

Les fèves de soja torréfiées sont des fèves entières qui sont rôties pour en améliorer la digestibilité. Le cheval peut ainsi absorber et exploiter une plus grande quantité des nutriments contenus dans la fève de soja.

La torréfaction détruit les inhibiteurs endogènes de la trypsine, des facteurs antinutritionnels qui peuvent compromettre la digestion des protéines. [1]

Cette forme de soja est une excellente source de protéines et de matières grasses. L’ajout de fèves de soja torréfiées est bénéfique dans les régimes alimentaires qui requièrent des protéines et des calories supplémentaires, comme dans le cas des chevaux en croissance ou des juments qui allaitent.

Le tourteau de soja

Le tourteau de soja est une source dense de protéines. Il renferme aussi une grande quantité de lysine, un acide aminé limitant.

Un apport insuffisant en protéines ou en lysine peut mener à plusieurs troubles, notamment la perte de masse musculaire, l’affaiblissement des sabots, une mauvaise croissance et des baisses de performance.

Le tourteau de soja est un sous-produit de la production d’huile de soja. Une fois extraite l’huile des fèves, il reste le tourteau riche en protéines.

De nombreuses moulées commerciales contiennent du tourteau de soja. On peut également l’ajouter à la ration sous forme de concentré pour fournir des protéines supplémentaires. Les chevaux le digèrent bien dans l’intestin antérieur. [2]

Le tourteau de soja est aussi efficace que la luzerne pour favoriser la croissance des yearlings et permet une meilleure exploitation des protéines[3]

Les nutritionnistes recommandent souvent le tourteau de soja pour les chevaux qui ont besoin de beaucoup de protéines, notamment les animaux en croissance et les juments qui allaitent. Notre évaluation du tourteau de soja par rapport à d’autres sources de protéines tient compte de certains nutriments clés.

Les protéines

La teneur en protéines du tourteau de soja se situe généralement entre 44 et 48 %. Elle dépasse celle des autres sources de protéines, notamment :

  • la luzerne (de 17 à 25 % de protéines brutes);
  • le tourteau de canola (de 36 à 41 % de protéines brutes);
  • les graines de lin moulues (26 % de protéines brutes).

La forte concentration en fait un bon choix pour les chevaux qui ont des besoins élevés en protéines et un apport alimentaire restreint, comme les jeunes animaux en croissance.

Le calcium et le phosphore

Le rapport du calcium au phosphore du tourteau de soja est relativement bas. Il se situe à 0,45:1 environ. Pour cette raison, c’est un bon choix pour équilibrer les rations données aux chevaux en croissance qui contiennent de la luzerne.

La luzerne est un fourrage riche en calories et en protéines dont le rapport calcium/phosphore est de 5:1.

Une alimentation qui fournit un rapport optimal de calcium au phosphore est cruciale pour le développement des chevaux en croissance. Le tourteau de soja équilibre les niveaux élevés de calcium de la luzerne pour procurer aux chevaux en croissance un ratio sain de ces minéraux.

L’huile de soja

L’huile de soja est une source dense de calories pour les chevaux qui ont besoin de plus d’énergie alimentaire.

Les huiles à base de soja sont peu coûteuses et agréables au goût. Elles constituent une bonne option pour les chevaux à l’entraînement ou qui ont besoin de prendre du poids.

L’huile possède un rapport élevé d’acides gras oméga-6 aux acides oméga-3. Mais comme elle ne constitue habituellement qu’une petite fraction de la ration totale, on peut facilement l’équilibrer en donnant au cheval un accès suffisant au pâturage.

Les études scientifiques sur l’huile de soja ont constaté les résultats suivants :

  • Sa digestibilité est comparable à celle de l’huile de noix de coco. [4]
  • Elle a un effet similaire à celui de l’huile de poisson lorsqu’on l’ajoute à la ration des chevaux qui reçoivent un régime riche en amidon. [5]
  • Elle pourrait ne pas être aussi bénéfique que l’huile de lin pour stimuler l’activité antioxydante et maintenir le profil des lipides circulants. [6]

Certains produits à base d’huile de soja contiennent des sources d’oméga-3 ajoutées pour améliorer l’équilibre des acides gras et stimuler leurs propriétés anti-inflammatoires.

L’huile w-3 de Mad Barn contient des acides gras oméga-3 provenant de l’huile de lin et de microalgues riches en DHA.

Les huiles qui contiennent du DHA ou de l’EPA offrent des bienfaits anti-inflammatoires supérieurs à ceux des huiles végétales comme l’huile de lin ou de caméline qui ne contiennent que de l’acide alpha linolénique.

L’EPA et le DHA peuvent aider les chevaux qui souffrent d’inflammation accrue due à l’exercice, aux problèmes respiratoires, à l’inconfort articulaire ou à une maladie métabolique.

Les pellicules de soja

Les pellicules de soja sont faibles en glucides non structuraux (sucre et amidon), mais elles contiennent des fibres hautement digestibles[7] Elles sont donc une source de calories adaptée aux intestins des équidés.

En fait, les pellicules de soja fournissent une quantité de calories similaire à celle de l’avoine pour compléter un foin de qualité moyenne[8]

Elles peuvent être une bonne alternative aux aliments à haute teneur en glucides non structuraux pour les équidés qui ont besoin d’un surplus de calories[8] [9]

Le profil nutritionnel des produits dérivés du soja

Les valeurs suivantes sont fondées sur la matière sèche.

<

Les fèves de soja torréfiées Le tourteau de soja L’huile de soja Les pellicules de soja
Énergie digestible (Mcal/kg) 4,36 3,74 9,5 1,49
Protéines brutes (%) 41,7 51,5 0 12,1
Lysine (%) 2,56 3,15 0 0,76
Matières grasses brutes (%) 18,8 2,8 100 2,96
Calcium (%) 0,27 0,29 0 0,64
Phosphore (%) 0,65 0,71 0 0,18
Acide alpha linolénique (% du total des acides gras) 6,99 8,43 8,23 13,1
Acide linoléique (% du total des acides gras) 52,4 54,2 53,7 42,7

Les préoccupations fréquentes concernant le soja

Les critiques des aliments à base de soja pour chevaux énumèrent de nombreuses raisons de les éviter, telles que les préoccupations concernant la modification génétique, les phytoœstrogènes et l’inflammation.

Bien qu’on ait étudié certains de ces aspects chez l’humain et sur d’autres modèles animaux, il existe très peu de recherches portant sur ces effets chez les chevaux.

Dans l’ensemble, la recherche suggère que le soja est sûr et même bénéfique pour les équidés.

Compte tenu du pourcentage élevé de chevaux qui reçoivent du soja dans leur ration, si cet aliment était problématique, on pourrait s’attendre à voir plus de preuves de ses effets néfastes dans les rapports de recherche et les rapports cliniques.

Le soja modifié génétiquement

Les résultats d’une étude récente estiment que 77 % du soja produit dans le monde est modifié génétiquement.

La modification génétique la plus courante vise à les rendre résistants au glyphosate (Round-Up), un herbicide. Les scientifiques ont développé cette modification pour la première fois en 1985 et elle a reçu son approbation pour utilisation en 1996. [23]

Depuis lors, les chercheurs ont mené plusieurs études pour évaluer ses impacts sur la santé et l’environnement. Les principales préoccupations concernant les cultures génétiquement modifiées sont les suivantes :

  • La pollinisation croisée : le transfert d’un nouveau gène à des plantes sauvages apparentées. Pour atténuer cette possibilité, on doit espacer les cultures de soja génétiquement modifié et conventionnel d’au moins dix mètres.
  • La transmission horizontale de gènes : la transmission d’un nouveau gène à d’autres espèces, plus précisément d’une plante à un animal. Cette transmission nécessiterait une série de mécanismes biologiques qui mènent à l’incorporation d’ADN dans le génome de l’hôte. La probabilité que cela se produise d’une plante à un animal et ait un impact sur la santé est extrêmement faible. On ne la considère donc pas comme un risque.
  • L’allergénicité et la toxicité : on doit étudier la possibilité de réaction allergique à la nouvelle protéine pour chaque nouvelle culture génétiquement modifiée. La protéine modifiée dans le soja résistant au glyphosate s’est avérée facilement dégradée par les fluides digestifs. Elle est non toxique chez les souris lorsqu’elle est consommée à 1 000 fois la quantité normale et ne possède aucune similarité avec les protéines connues qui provoquent des allergies ou qui sont toxiques. [24]

Bien qu’il n’y ait pas d’études qui comparent l’effet des aliments contenant des OGM aux aliments qui n’en contiennent pas chez les chevaux, des recherches portant sur d’autres espèces et sur l’humain ont démontré qu’ils sont sûrs. [10] [11]

Selon la Food and Drug Administration américaine (FDA), « il n’y a pas de différence dans la manière dont les aliments à base d’OGM et ceux qui ne le sont pas affectent la santé et la sécurité des animaux ». [25]

En outre, certains aliments à base d’OGM peuvent offrir des avantages supplémentaires comme une réduction de la présence de mycotoxines dans les aliments. [12]

Des recherches sont en cours pour assurer la sécurité et l’équivalence nutritionnelle des cultures génétiquement modifiées et non génétiquement modifiées. Cela dit, un très grand nombre de recherches contemporaines révèlent que le soja génétiquement modifié n’a aucun effet néfaste sur la santé animale. [13][24]

Les phytoœstrogènes

Les phytoœstrogènes sont des composés présents dans les plantes, notamment le soja, la luzerne et le trèfle. Ces composés peuvent imiter l’action des œstrogènes dans l’organisme.

La teneur en phytoœstrogènes du soja est relativement élevée. La recherche a lié ces composés à des risques ainsi qu’à des bienfaits pour la santé. [14]

Dans le cas des chevaux, les chercheurs ont étudié l’effet de l’apport en phytoœstrogènes chez les juments gestantes, où ils ont démontré qu’une consommation très élevée de plantes riches en phytoœstrogènes telles que le trèfle nuisait à la fertilité. [15]

Il est néanmoins peu probable que la quantité de produits à base de soja que consomment les chevaux cause ce type de problème. Ils en reçoivent normalement une quantité moindre. Dans une étude portant sur des juments gestantes, l’ajout d’huile de soja à l’alimentation n’a eu aucun effet indésirable. [16]

L’inflammation

On craint que la consommation de soja provoque des effets inflammatoires en raison du rapport relativement élevé entre les acides gras oméga-6 et oméga-3.

L’huile de soja a un ratio d’oméga-6 aux oméga-3 de 6:1 environ. En comparaison, les graminées de pâturage que l’on cite souvent comme ayant le rapport idéal ont un ratio d’un oméga-6 pour 4 oméga-3 (1:4).

En revanche, le rapport des oméga-6 aux oméga-3 dans l’huile de soja est beaucoup plus bas que celui de l’huile de maïs (50:1) et des céréales (22:1), que l’on donne couramment aux chevaux.

Le soja peut en fait avoir des propriétés anti-inflammatoires. Chez d’autres espèces, la recherche a démontré que la consommation de soja améliorait l’inflammation systémique [17] et l’inflammation intestinale [18], en plus d’atténuer les effets négatifs de l’inflammation sur la santé des os et du système cardiovasculaire. [19]

On a démontré que les extraits de soja et d’autres plantes diminuent l’inflammation [20] et améliorent la santé du cartilage chez les chevaux souffrant d’arthrose. [21]

L’allergie au soja chez les chevaux

On pense que les allergies alimentaires sont rares chez les chevaux [22], mais avec la disponibilité croissante des tests d’allergie, de nombreux propriétaires de chevaux sont aux prises avec de nouvelles restrictions alimentaires.

Pour confirmer un diagnostic d’allergie alimentaire par des analyses sanguines ou des tests intradermiques, le cheval doit recevoir un régime d’élimination pour découvrir la composante de l’alimentation qui déclenche la réaction allergique. [22]

Une fois l’allergie confirmée, le vétérinaire peut recommander un traitement ou l’évitement de l’aliment en cause pour prévenir d’autres réactions.

Lors de l’élaboration du régime alimentaire d’un cheval en vue d’éviter le soja ou d’autres allergènes, il faut tenir compte de l’allergénicité des différents composants contenus dans les aliments.

On retrouve habituellement les allergènes dans la composante protéique des rations. Si votre cheval est allergique au soja, vous devrez songer à proscrire les produits contenant du tourteau de soja.

En revanche, la teneur en protéines d’autres produits tels que l’huile et les pellicules de soja est beaucoup plus basse, ce qui diminue la probabilité d’une réaction allergique.

En résumé

Certains propriétaires choisissent d’éviter le soja dans l’alimentation de leur cheval. Cependant, les produits dérivés du soja peuvent ajouter des nutriments bénéfiques à la ration et peuvent contribuer à équilibrer les besoins en protéines, en matières grasses et en minéraux.

De plus, les recherches publiées portant sur les équidés montrent que le soja alimentaire est sûr et, dans de nombreux cas, bénéfique.

Si votre cheval est allergique au soja ou si la teneur en soja de son alimentation vous inquiète, vous pouvez nous transmettre son régime alimentaire pour une évaluation par l’un de nos professionnels en nutrition équine.

Manque-t-il quelque chose dans l’alimentation de votre cheval?

Identifier les manques dans le programme alimentaire de votre cheval pour optimiser son bien-être.

Références

  1. Rackis, JJ, et al. Protease inhibitors in plant foods: Content and inactivation. Advances in Experimental Medicine and Biology. 1986.
  2. Farley, MS, et al. Digestion of soybean meal proteinin the equine small and large intestine at various levels of intake. JEVS. 1995.
  3. Wall, LH, et al. Growth of yearling fillies fed alfalfa or soybean meal. JEVS. 1998.
  4. Meyer, H, et al. Preileal digestibility of coconut fat and soybean oil in horses and their influence on metabolites of microbial origin of the proximal digestive tract. Archives of Animal Nutrition. 1995.
  5. Vervuert, I, et al. Short-term effects of a moderate fish oil or soybean oil supplementation on postprandial glucose and insulin responses in healthy horses. Vet J. 2010.
  6. Sembratowicz, I, et al. Effect of Dietary Flaxseed Oil Supplementation on the Redox Status, Haematological and Biochemical Parameters of Horses’ Blood. Animals. 2020.
  7. Silva, RHP, et al. Pectin-rich by-products in feeding horses- A review. Cogent Food & Agriculture. 2016.
  8. Ott, EA and J Kivivpelto. Soybean Hulls as an Energy Source for Weanling Horses. Prof Anim Sci. 2002.
  9. Borghi, RT, et al. Digestibility of Nutrients and Digestive Health in Horses Submitted to Moderate Exercise and Supplemented With Diets Formulated With Soybean Hulls. JEVS. 2017.
  10. Yang, YT and B Chen. Governing GMOs in the USA: science, law and public health. J Sci Food Ag. 2015.
  11. Blair, R and JM Regenstein. GM food and human health. Genetically Modified and Irradiated Food. 2020.
  12. de Santis, B, et al. Case studies on genetically modified organisms (GMOs): Potential risk scenarios and associated health indicators. Food and Chem Tox. 2018.
  13. Rodriguez, AV, et al. Myths and Realities about Genetically Modified Food: A Risk-Benefit Analysis. Appl Sci. 2022.
  14. Patisaul, HB and W JeffersonThe pros and cons of phytoestrogens. Front Neuroendocrinol. 2010.
  15. Ferreira-Dias, G, et al. Coumestrol and its metabolite in mares’ plasma after ingestion of phytoestrogen-rich plants: Potent endocrine disruptors inducing infertility. Theriogenology. 2013.
  16. Crain, CM. Influence of dietary fat source on reproductive parameters in mares. MTSU Thesis. 2013.
  17. Fanti, P, et al. Positive effect of dietary soy in ESRD patients with systemic inflammation—correlation between blood levels of the soy isoflavones and the acute-phase reactants. Nephrology Dialysis Transplantation. 2006.
  18. Basson, AR, et al. Regulation of Intestinal Inflammation by Soybean and Soy-Derived Compounds. Foods. 2021.
  19. Droke, EA, et al. Soy isoflavones avert chronic inflammation-induced bone loss and vascular disease. J Inflamm. 2007.
  20. Ownby, SL, et al. Expression of pro-inflammatory mediators is inhibited by an avocado/soybean unsaponifiables and epigallocatechin gallate combination. J Inflamm. 2014.
  21. Kawcak, CE, et al. Evaluation of avocado and soybean unsaponifiable extracts for treatment of horses with experimentally induced osteoarthritis. Am J Vet Res. 1998.
  22. Logas, D.Food Allergy in the Horse: A Dermatologist’s View. Advances in Equine Nutrition. 2009.
  23. Stalker, D.M. et al. A single amino acid substitution in the enzyme 5-enolpyruvylshikimate-3-phosphate synthase confers resistance to the herbicide glyphosate. J Biol Chem. 1985.
  24. Cerdeira, A.L. and Duke, S.O. The current status and environmental impacts of glyphosate-resistant crops: a review. J Environ Qual. 2006.
  25. GMO Crops, Animal Food, and Beyond. FDA. 2022.