La fourbure est le nom usuel désignant la laminite, une condition caractérisée par l’inflammation des couches lamellaires du sabot. Elle peut causer une boiterie chez les chevaux, les poneys et les ânes, et entraîne des dommages à la jonction lamellaire entre la muraille du pied et la troisième phalange.

Cette condition peut aussi provoquer une rotation ou la descente de l’os du pied ou troisième phalange, ce qui est intensément douloureux et peut causer des dommages permanents aux structures du sabot. Les chevaux atteints peuvent montrer divers signes de détresse et d’inconfort et ne peuvent généralement pas se déplacer confortablement.

Le terme fourbure est souvent employé pour parler d’un cheval qui souffre de crises de laminite chroniques (à long terme) ou répétitives, mais les chevaux peuvent aussi faire une seule crise de fourbure ou de laminite.

De multiples facteurs de risque peuvent mener à la fourbure, y compris une cote d’état de chair élevée, un régime alimentaire à base de céréales, la mise en liberté sur des pâturages abondants, le syndrome métabolique équin (SMÉ) et la maladie de Cushing (adénome corticotrope). Cette maladie implique de nombreux autres facteurs de risque abordés en détail plus bas.

La prévention et le traitement de la fourbure requièrent de s’attaquer aux causes sous-jacentes de la maladie et nécessitent beaucoup de dévouement de la part du propriétaire du cheval. La fourbure ne peut pas toujours être soignée si les structures internes du pied ont subi des dommages importants.

Une alimentation adaptée, l’entretien des sabots et une régie appropriée sont essentiels pour favoriser la santé des pieds équins. Si votre cheval se remet d’une crise de fourbure ou est à risque, nos nutritionnistes peuvent vous aider à élaborer un régime alimentaire équilibré pour combattre le risque de laminite et optimiser la santé des sabots.

Qu’est-ce que la fourbure?

La fourbure est une condition débilitante très douloureuse qui touche les couches lamellaires, ou tissu kéraphylleux, et la troisième phalange du pied équin.

Les lamelles sont deux couches de protubérances en forme de doigts interdigitées qui s’emboîtent pour former une structure qui retient la muraille sur le sabot. Les lamelles soutiennent aussi l’os du pied ou troisième phalange.

L’os du pied ou troisième phalange est l’os qui repose dans le berceau du sabot. Il joue un rôle clé dans la forme et la fonction du pied. Il s’agit du premier os de la colonne squelettique soutenant le membre à absorber l’impact de la pose du sabot au sol, et son bon fonctionnement est essentiel à la circulation sanguine dans les membres. [1]

 
Sabot sain vs sabot forbu
 

Pour confirmer un diagnostic de fourbure, le vétérinaire procède à un examen clinique et radiographique des pieds et de l’ensemble du cheval. [1] Lors de l’examen physique, le vétérinaire cherchera des signes d’inflammation actuelle et chronique (à long terme), tout en étudiant les structures du pied pour trouver les causes de la crise.

Les radiographies permettent de voir l’angle de rotation de la troisième phalange, l’épaisseur de la sole et de la muraille, la longueur de la pince et, dans certains cas, des abcès concomitants. Ces informations peuvent aider le vétérinaire, le pareur ou le maréchal-ferrant et le nutritionniste à travailler ensemble pour soulager la douleur du cheval grâce à un entretien correctif des pieds, à des changements d’alimentation, à des changements de régie et à des médicaments.

La laminite versus la fourbure

Les termes « laminite » et « fourbure » sont souvent utilisés de manière interchangeable par les propriétaires de chevaux. Or, on peut distinguer le stade aigu de la laminite des problèmes chroniques qui persistent.

La laminite aiguë ou la « crise de laminite » réfère généralement à une apparition soudaine de la douleur et de l’inflammation des couches lamellaires.

Le mot « fourbure » est souvent utilisé au sens familier pour désigner une condition chronique qui peut impliquer la rotation ou la descente de la troisième phalange. [2]

Ce ne sont pas tous les chevaux atteints de laminite aiguë qui subiront une rotation de la troisième phalange. Cependant, de nombreux chevaux atteints de fourbure auront déjà subi une ou plusieurs crises de laminite. Une fois qu’un cheval a eu une crise, il risque habituellement une récidive.

Les couches lamellaires ou tissu kéraphylleux

Le pied équin contient environ 600 lamelles imbriquées qui soutiennent la structure du sabot. Les dommages aux lamelles peuvent entraîner les troubles suivants :

  • la séparation de la sole et de la muraille qui est visible à la ligne blanche du sabot, soit la zone entre la muraille et la sole du pied;
  • une pince qui se prolonge;
  • une sole aplatie;
  • des anneaux de croissance qui divergent sur le sabot;
  • la laminite;
  • la fourbure (laminite chronique).

Pendant les crises de laminite, le débit sanguin affaibli et la diminution de l’apport en nutriments aux couches lamellaires provoquent une enflure et une inflammation. Un grand nombre de recherches sont toujours en cours pour comprendre précisément le mécanisme impliqué, et les chercheurs savent qu’il peut varier selon la cause des crises.

Une crise de laminite peut entraîner la mort des cellules qui forment les couches lamellaires. Si elles sont suffisamment endommagées, les lamelles perdent leur force, affaiblissant cette composante structurelle importante du sabot.

Dans un pied atteint de fourbure, les lamelles peuvent être tellement endommagées qu’elles ne peuvent plus soutenir correctement la troisième phalange. La position de l’os du pied peut changer sous le poids du cheval, qui s’ajoute à la traction vers le haut exercée par le tendon fléchisseur rattaché à la base de l’os.[1]

C’est ce qu’on appelle une rotation de la troisième phalange. L’angle de rotation est mesuré en prenant des radiographies du pied.

Dans les cas avancés de fourbure, la troisième phalange peut saillir de la sole du sabot, causant une boiterie irréversible et une douleur extrême.[1] À ce stade, l’euthanasie est souvent la seule option humaine.

Prévalence et pronostic

La moitié de toutes les exploitations américaines de chevaux interrogées en 1998 ont déclaré avoir au moins un cheval boiteux et 13 % ont déclaré avoir un cheval atteint de laminite.

L’enquête a également révélé que 4,7 % des chevaux atteints de laminite sont décédés ou ont dû être euthanasiés en raison de la maladie.[3]

Dans cette enquête, les propriétaires interrogés ont attribué plus de 50 % des cas de laminite signalés à la mise en liberté sur des pâturages abondants et à une surconsommation de céréales.

Jusqu’à 74 % des chevaux atteints de laminite ont récupéré et ont pu être utilisés aux fins prévues.

Une étude britannique auprès des cliniques vétérinaires équines a révélé que les cas de laminite active représentaient une sur 200 consultations avec les vétérinaires.[20]

Les effets de la fourbure sur le pied équin

Lorsque l’angle de l’os du pied subit une rotation relativement à la deuxième phalange située au-dessus, il exerce une pression intense sur la sole du pied qui peut le faire pénétrer dans la sole.

Une dépression peut apparaître à l’avant de la couronne, là où l’espace articulaire entre les troisième et deuxième phalanges s’élargit plus que la normale.[4]

Lorsque la troisième phalange descend sur la sole du pied, la ligne blanche du sabot s’est séparée. La séparation de la ligne blanche fait en sorte que la pince paraît redressée malgré la présence d’une courbure de l’angle de la pince à la bande coronaire, juste sous la racine des poils.[4]

Dans les cas de fourbure impliquant une descente de la troisième phalange, la jonction lamellaire a disparu, ce qui rend le rétablissement des sabots affectés plus difficile que lorsque le pied a seulement subi une rotation.

Les causes fréquentes de fourbure

La fourbure est une condition complexe qui peut être précipitée par des facteurs métaboliques et environnementaux agissant seuls ou en combinaison.[4]

Parmi les causes les plus fréquentes de fourbure, on retrouve ce qui suit :

Les facteurs alimentaires

La surconsommation de produits céréaliers et d’herbe dans les pâturages abondants ou stressés est un facteur alimentaire qui peut causer la laminite et la fourbure.

Les céréales et l’herbe abondante sont riches en glucides non structuraux (NSC), y compris le sucre, l’amidon et le fructosane. Un apport élevé en amidon et en sucre peut accabler l’intestin grêle et conduire à un excès de glucides dans l’intestin postérieur, souvent appelé « surcharge d’amidon ».

Cet état mène à une hausse de la production d’acide lactique dans le cæcum et le côlon. Si le pH descend en dessous de 6, une condition connue sous le nom d’acidose de l’intestin postérieur se développe.

Une quantité excessive d’acide lactique dans l’intestin postérieur peut perturber la population microbienne et causer la mort de ces microbes de l’intestin postérieur. À mesure que l’acide s’accumule dans l’intestin, il cause de surcroît des dommages à la muqueuse gastro-intestinale.[21][22][23]

L’absorption de toxines alimentaires

Les chevaux dont la muqueuse gastro-intestinale est compromise absorbent plus de toxines dans leur système sanguin. Les endotoxines bactériennes qui existent dans la paroi cellulaire des bactéries sont une source courante de toxines.

En pénétrant dans le système sanguin, ces toxines entraînent l’activation des métalloprotéinases matricielles (MMP) qui endommagent les lamelles du pied, augmentant ainsi le risque de laminite et de fourbure.

La recherche sur les causes des dommages aux couches laminaires liées au métabolisme suggère qu’un métabolite du sucre appelé méthylglyoxal (MG) pourrait être responsable des dommages aux pieds équins.

Le MG produit pendant la digestion du cheval pourrait être absorbé dans le sang et modifier la structure des lamelles du sabot.[5]

Les troubles métaboliques

Les déséquilibres hormonaux y compris le syndrome métabolique équin (SMÉ) et la maladie de Cushing (adénome corticotrope) sont associés à un risque accru de laminite.

Dans une étude portant sur des chevaux qui se sont présentés dans un hôpital vétérinaire finlandais en raison d’une laminite, 89 % présentaient des signes de troubles endocriniens sous-jacents. Le tiers des chevaux a reçu un diagnostic de maladie de Cushing et le reste présentait des taux d’insuline élevés indiquant une résistance à l’insuline, mais sans signes de maladie de Cushing.[6]

La résistance à l’insuline est particulièrement élevée chez les chevaux en surpoids ou obèses, dont 95 % ont des taux élevés d’insuline sans présenter de signes de la maladie de Cushing.[6] Les chevaux en surpoids ou obèses courent un risque plus élevé de développer une laminite et la fourbure en raison du taux élevé chronique d’insuline dans le sang.[7]

Le SMÉ implique une augmentation de la sécrétion d’insuline par le pancréas et une diminution du mouvement du glucose dans les tissus. Des taux élevés d’insuline dans le sang peuvent induire la laminite chez les chevaux et les poneys.[8][9]

La maladie de Cushing affecte l’hypophyse des chevaux souvent âgés de plus de 15 ans. Les signes cliniques de la maladie incluent un poil excessivement long qui ne parvient pas à muer en été, la léthargie, l’atrophie musculaire, une augmentation de la consommation d’eau et de la fréquence des mictions.

Les chevaux atteints de la maladie de Cushing courent un risque élevé de développer la laminite. Ce pourrait être lié aux niveaux plus élevés de cortisol et d’insuline qui provoquent une inflammation des couches lamellaires du pied, la laminite et la fourbure.[10]

L’élaboration des rations avec l’aide de nutritionnistes qualifiés est une question de survie pour ces chevaux. Simplement restreindre l’alimentation peut aggraver les troubles métaboliques; il est donc important de concevoir un programme nutritionnel équilibré pour le cheval ou le poney concerné.

Le vétérinaire peut facilement dépister la maladie de Cushing et le SMÉ en prélevant des échantillons de sang et en les faisant analyser par un laboratoire. Les tests sanguins examinent généralement les niveaux endogènes d’ACTH, de glucose et d’insuline, mais d’autres tests peuvent être recommandés si le vétérinaire souhaite écarter ou confirmer des diagnostics différentiels.

Les maladies aiguës

Les problèmes de santé, y compris les coliques, la diarrhée et l’inflammation de l’intestin grêle (entérite), affectent le système gastro-intestinal du cheval.

Ces conditions peuvent également prédisposer un cheval à développer la laminite et une fourbure subséquente en raison des effets des toxines sur les couches lamellaires.

L’endotoxémie se produit lorsque les endotoxines, soit les toxines produites à l’intérieur des cellules, traversent le tissu intestinal compromis et pénètrent dans le système sanguin. Une fois dans l’approvisionnement sanguin périphérique, ces toxines peuvent altérer la circulation dans le pied équin, ce qui augmente le risque de dommages aux couches lamellaires et de fourbure.[11][12]

Les juments qui retiennent leur placenta après la mise bas ou qui développent une inflammation de l’utérus (métrite) risquent l’endotoxémie.

Si une jument n’expulse pas la totalité du placenta dans les trois heures suivant la mise bas, son état est jugé anormal. Si elle n’expulse pas son placenta dans les douze heures suivant la naissance du poulain, son état est jugé critique et il faut contacter le vétérinaire immédiatement car il s’agit d’une urgence médicale.

Des conditions telles que la pneumonie et la diarrhée causées par des infections bactériennes chez les poulains et les adultes (par exemple, la salmonelle et la fièvre équine du Potomac) peuvent également provoquer la libération d’endotoxines dans le sang.

La surcharge pondérale

Tous les équidés peuvent être affectés par la laminite et la fourbure, quel que soit leur poids.

Cependant, les chevaux et les poneys en surpoids sont plus à risque de subir une rotation de la troisième phalange et des dommages aux sabots à cause du poids supplémentaire que leurs pieds doivent supporter.

Il est important d’évaluer régulièrement la cote d’état de chair du cheval et de modifier son alimentation s’il affiche un excès de graisse corporelle.

Les copeaux de noyer noir

La présence de copeaux de noyer noir (Juglans nigra) dans la litière est une cause connue de laminite. Une fois que le cheval a été exposé à des copeaux de noyer noir, soit par ingestion orale ou par contact avec la peau, la laminite peut se développer dans les 24 à 48 heures qui suivent.[13]

L’ingestion orale d’extrait de noyer noir est une technique de recherche couramment utilisée pour induire la laminite chez les équidés. L’ingestion de cette substance modifie l’apport sanguin aux pieds et a des effets systémiques sur la fonction respiratoire et la fréquence cardiaque.[19]

Les troubles d’apport sanguin aux pieds

Les facteurs suivants peuvent compromettre l’apport sanguin aux pieds et aux lamelles qui s’y trouvent :

  • l’emploi de corticostéroïdes pendant une longue période;
  • les injections articulaires impliquant des stéroïdes ou l’emploi d’autres stéroïdes chez un cheval dont on ignore qu’il est atteint de la maladie de Cushing;
  • l’entraînement des chevaux sur des surfaces excessivement dures causant un traumatisme aux pieds;
  • les longues périodes en station debout dans une remorque;
  • la surcharge du membre opposé lorsque l’autre membre est compromis.

Les signes et symptômes de la fourbure

La laminite et la fourbure touchent généralement les pieds antérieurs des chevaux, mais elles peuvent se produire dans n’importe lequel des quatre pieds.[4]

Parmi les signes cliniques les plus fréquents, on retrouve :

  • l’apparition soudaine d’une boiterie;
  • une résistance à marcher ou à se déplacer;
  • un pouls perceptible sur la face médiale du paturon et une sensation de chaleur dans le pied;
  • un basculement du poids alterné d’avant en arrière entre les membres;
  • une réticence à fléchir le membre;
  • une posture debout avec les membres campés devant le corps ou avec les quatre membres sous la masse;
  • un décubitus plus fréquent (coucher).

Certains chevaux développent une laminite chronique après une crise de laminite aiguë. Même avec une structure de pied anormale chronique, certains chevaux peuvent ne montrer aucun signe extérieur de douleur ou de boiterie.

Les signes à surveiller qui peuvent signaler une laminite chronique et un affaiblissement de l’intégrité du sabot incluent: [14]

  • la concavité de la face dorsale du sabot;
  • des anneaux de croissance divergents, soit des anneaux de croissance sur le sabot qui sont très rapprochés à la pince et larges au talon;
  • une ligne blanche élargie;
  • des abcès du pied qui apparaissent quelques semaines après la crise initiale de laminite aiguë.

Comment établit-on un diagnostic de fourbure?

Les propriétaires de chevaux soupçonnés de fourbure devraient consulter un vétérinaire pour obtenir un diagnostic précis. Les propriétaires de chevaux peuvent aider leur vétérinaire à établir un diagnostic de fourbure en fournissant des renseignements complets sur les antécédents médicaux et la santé des pieds de leur cheval.

Pour déterminer si un cheval est atteint de fourbure, le vétérinaire fait habituellement un examen physique approfondi qui comprend l’évaluation du comportement, du poids, de la taille, du tempérament, de la cote d’état de chair, de la température corporelle et des signes vitaux du cheval.

Les résultats de l’examen physique complet du vétérinaire permettent d’identifier les autres tests qui pourraient être nécessaires afin d’élaborer le meilleur protocole pour soigner le cheval ou le poney.

L’évaluation de boiterie

Les chevaux soupçonnés d’être atteints de fourbure subissent généralement une évaluation de boiterie qui comprend l’inspection de l’amplitude du mouvement et de la position au repos, ainsi que la palpation du pouls digité (pouls des vaisseaux sanguins sur la face médiale du paturon).

Les tricoises peuvent également servir à trouver l’origine de la douleur dans le pied.

Le bloc nerveux

Un bloc nerveux peut être utile pour aider à diagnostiquer la fourbure dans certains cas. Les blocs nerveux peuvent également être employés pour aider le pareur ou le maréchal-ferrant à travailler avec les chevaux qui souffrent énormément et qui, autrement, ne voudraient pas prendre appui sur leurs pieds.

Les analyses sanguines

Les analyses sanguines de dépistage peuvent être effectuées pour aider à diagnostiquer la fourbure et en déterminer la cause. Une étude de recherche portant sur 22 chevaux en bonne santé et 38 chevaux atteints de fourbure a révélé que ce dernier groupe avait des taux réduits de valeur d’hématocrite, d’hémoglobine, de globules rouges, de globules blancs et de neutrophiles.[15]

Stablelab® est un outil de diagnostic à l’écurie qui mesure l’amyloïde sérique A pour détecter l’inflammation aiguë dans le corps. La laminite causée par la fourbure à l’herbe ou la surconsommation de céréales ne causera pas d’augmentation des niveaux d’amyloïde sérique A. Cependant, si le cheval est atteint de fourbure attribuable à une autre cause, comme une infection, le taux d’amyloïde sérique A augmente.[24]

Le taux d’amyloïde sérique A réagit rapidement vers le haut ou vers le bas, ce qui peut être utile pour la détection précoce des problèmes et pour voir si le traitement fonctionne. Le test Stablelab® est souvent répété toutes les 24 heures.[24]

Le vétérinaire peut aussi demander à effectuer d’autres tests, notamment pour mesurer l’ACTH endogène, le glucose au repos, l’insuline, la T4 (hormone thyroïdienne) et les niveaux de fer. Ces tests peuvent aider à découvrir la cause d’une crise de laminite.

Les radiographies

Chez les chevaux atteints de fourbure, les radiographies sont essentielles pour évaluer l’étendue des dommages dans le pied, y compris le degré de rotation de l’os du pied.

Ces images sont également précieuses pour les pareurs et les maréchaux-ferrants et les aident à choisir les stratégies les plus appropriées pour un parage et une ferrure orthopédiques qui favorisent la récupération du cheval.

Les changements aux pieds des chevaux affectés, y compris le remodelage osseux et la rotation de la troisième phalange, continuent souvent pendant plusieurs mois. Des radiographies prises régulièrement permettent d’établir si le plan de traitement doit être modifié.

Il est possible de faire un examen de contraste, appelé phlébogramme, pour évaluer l’étendue des dommages. Le vétérinaire injecte un liquide visible sur une radiographie (Omnipaque) dans la veine située au-dessus du sabot.

Le vétérinaire pose un garrot au-dessus du site d’injection, puis prend des radiographies pour évaluer l’apport sanguin au pied atteint de laminite. Un mauvais apport sanguin diminue considérablement le pronostic.

La phlébographie peut également être utilisée après les soins du pareur ou du maréchal-ferrant pour voir l’apport sanguin s’est amélioré.

Le traitement de la fourbure

Plus tôt on commence le traitement, meilleures sont les chances de guérison du cheval affecté. Un traitement approprié de la maladie exige de s’attaquer à la ou aux causes sous-jacentes.

Les pratiques d’alimentation et de régie

Dans le cas des chevaux atteints de fourbure causée par l’alimentation, il est conseillé de cesser de donner tout aliment céréalier et de retirer le cheval du pâturage.[16]

Certains chevaux auront besoin d’être traités avec un tube naso-gastrique pour éliminer l’excès d’aliments qui se trouve dans leur tractus gastro-intestinal, en particulier en cas de surconsommation soudaine de grain.

Un cheval atteint de fourbure doit pouvoir se tenir debout ou se coucher sur une surface confortable afin de soulager la pression sur les lamelles affaiblies du pied.

Selon la gravité, certains chevaux auront besoin d’être confinés en stalle, tandis que d’autres peuvent bénéficier de la possibilité de se déplacer librement pour favoriser la circulation sanguine dans les pieds.

Les médicaments

Le vétérinaire administre généralement aux chevaux atteints de fourbure des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pour soulager la douleur et l’inflammation.

Si des analgésiques supplémentaires sont nécessaires, les vétérinaires prescrivent parfois du Tylenol ou de la gabapentine. Si la douleur du cheval n’est pas contrôlée avec le médicament prescrit, il est important d’en parler avec le vétérinaire.

On peut aussi devoir administrer des médicaments pour traiter les problèmes de santé sous-jacents, tels que la maladie de Cushing. Il est important d’administrer ces médicaments en suivant les directives du vétérinaire pour prévenir les crises futures de laminite. Bon nombre de ces traitements doivent se poursuivre durant toute la vie du cheval.

La thérapie par l’eau froide

Pour réduire l’inflammation du pied, le vétérinaire peut suggérer de plonger le pied du cheval dans de l’eau glacée pendant 72 heures pour maintenir une température constante inférieure à 4 degrés Celsius (40 degrés Fahrenheit).

Dans les cas de laminite induite de manière expérimentale, le maintien du sabot dans un bain de glace pendant 48 heures a empêché la laminite d’évoluer au stade aigu.[17]

La thérapie à l’eau froide diminue l’apport sanguin vers la région, ce qui réduit la quantité de toxines et les facteurs déclencheurs qui peuvent atteindre le sabot.

Elle inhibe également les voies inflammatoires dans les couches lamellaires, ce qui aide à conserver une jonction robuste entre la muraille et la troisième phalange du pied.[18]

Le parage et le ferrage correctifs

Les chevaux atteints de fourbure doivent pouvoir prendre appui confortablement sur la partie arrière de leurs pieds affectés.

Certains chevaux peuvent bénéficier d’une ferrure à planche en cœur ou en œuf, qui peuvent inclure des composantes orthopédiques comme les plaques et les cales. Dans certains cas, on a recours au parage des pieds nus.

Lors du parage des sabots d’un cheval atteint de fourbure, le pareur ou le maréchal-ferrant doit en premier lieu éliminer tout évasement de la muraille pour diminuer la tension exercée sur la ligne blanche.

La chirurgie

Les chevaux atteints de fourbure peuvent bénéficier d’une intervention chirurgicale au tendon fléchisseur profond pour soulager la tension sur cette structure et empêcher la rotation de l’os du pied.

Traités rapidement, certains chevaux réussissent à se remettre de la fourbure. Toutefois, si la condition a causé de graves dommages aux structures du sabot, ces chevaux peuvent souffrir et boiter en permanence.

Les principaux conseils pour prévenir la fourbure

De bonnes pratiques de régie équine aident à prévenir la fourbure. Vous devez envisager les stratégies suivantes :

  1. L’entretien régulier des sabots: garder les pieds en bon état aide à prévenir les facteurs de stress qui peuvent compromettre les structures lamellaires.
  2. Les examens de santé du vétérinaire : les chevaux doivent être examinés et traités pour des problèmes de santé comme le SMÉ et la maladie de Cushing qui peuvent affecter la santé des pieds.
  3. Le suivi de l’alimentation : les chevaux doivent être introduits au pâturage et à l’herbe graduellement pour prévenir une prise de poids excessive qui peut entraîner une surcharge des sabots. Les chevaux ayant des problèmes métaboliques ne devraient pas recevoir de céréales ou d’aliments contenant de l’amidon, tandis que d’autres peuvent les tolérer en petite quantité.
  4. La cote d’état de chair: les propriétaires devraient être en mesure de faire un suivi régulier de la cote d’état de chair de leur cheval. Si le cheval commence à montrer une surcharge pondérale, il faut modifier son régime alimentaire pour diminuer l’apport calorique.

Si le cheval a déjà souffert de laminite ou présente un ou plusieurs facteurs de risque, il est recommandé d’obtenir une analyse de foin et de faire appel à un nutritionniste pour élaborer un régime alimentaire adapté.

Pour obtenir de l’aide afin de répondre aux besoins alimentaires de votre cheval, transmettez son alimentation et ses renseignements en ligne qui seront étudiés par nos nutritionnistes équins.

Manque-t-il quelque chose dans l’alimentation de votre cheval?

Identifier les manques dans le programme alimentaire de votre cheval pour optimiser son bien-être.

References

  1. Young, A. Laminitis. UC Davis. 2020.
  2. AAEPLaminitis: Prevention & Treatment. AAEP. 2021.
  3. USDA Lameness and laminitis in US Horses. USDA. 2000.
  4. Belknap, J.K. and Geor, R.J. Equine Laminitis. Wiley & Sons. 2016.
  5. Vercelli, C. et al. Effect of sugar metabolite methylglyoxal on equine lamellar explants: An ex vivo model of laminitis. PLoS One. 2021.
  6. Karikoski, N.P. et al. The prevalence of endocrinopathic laminitis among horses presented for laminitis at a first-opinion/referral equine hospital. Dom Anim Endocrin. 2011.
  7. Geor, R.J. Metabolic Predispositions to Laminitis in Horses and Ponies: Obesity, Insulin Resistance and Metabolic Syndromes. J Equine Vet Sci. 2008.
  8. de Laat, M.A. et al. Equine laminitis: induced by 48 h hyperinsulinaemia in Standardbred horses. Equine Vet J. 2010.
  9. Asplin, K.E. et al. Induction of laminitis by prolonged hyperinsulinaemia in clinically normal ponies. Vet J. 2007.
  10. Donaldson, M.T. et al. Evaluation of suspected pituitary pars intermedia dysfunction in horses with laminitis. J Am Vet Med Assoc. 2004.
  11. Tadros, E.M. et al. Effects of a “two-hit” model of organ damage on the systemic inflammatory response and development of laminitis in horses. Vet Immunol Immunopath. 2012.
  12. Visser, M.B. and Pollitt, C.C. Lamellar leukocyte infiltration and involvement of IL-6 during oligofructose-induced equine laminitis development. Vet Immunol Immunopath. 2011.
  13. OMAFRA Black Walnut and Butternut Poisoning of Horses. OMAFRA. 2016.
  14. Onishi, J.C. et al. Chronic laminitis is associated with potential bacterial pathogens in the laminae. Vet Microbiol. 2012.
  15. Ogbanya, K.C. and Ihedioha, E.J.I. Haematological and Serum Biochemical Changes in Chronic Laminitis Affected Horses. Indian J Anim Res. 2020.
  16. Watts, K. and Pollitt, C. Equine Laminitis: Managing Pasture to Reduce the Risk. Australian Government. 2010.
  17. van Eps, A.W. and Pollitt, C.C. Equine laminitis: cryotherapy reduces the severity of the acute lesion. Equine Vet J. 2010.
  18. van Eps, A.W. et al. Digital hypothermia inhibits early lamellar inflammatory signalling in the oligofructose laminitis model. Equine Vet J. 2011.
  19. Adair III, H.S. et al. Laminar microvascular flow, measured by means of laser Doppler flowmetry, during the prodromal stages of black walnut-induced laminitis in horses. Am J Vet Res. 2000.
  20. Wylie, S.N. et al. A cohort study of equine laminitis in Great Britain 2009-2011: estimation of disease frequency and description of clinical signs in 577 cases. Equine Vet J. 2013.
  21. Rowe, J.B. et al.Controlling acidosis in the equine hindgut. Advances in Animal Nutrition in Australia. 1995.
  22. Destrez, A. et al.Changes of the hindgut microbiota due to high-starch diet can be associated with behavioral stress response in horses. Physiol Behav. 2015.
  23. Davies, J. et al.Development of electrochemical DNA biosensor for equine hindgut acidosis detection. Sensors. 2021.
  24. Stablelab. Zoetis. Accessed 03/22/2023.