La myéloencéphalite équine à protozoaire (MÉP) est une maladie infectieuse qui touche le système nerveux central du cheval.

C’est l’une des maladies que les vétérinaires ont le plus de difficulté à diagnostiquer, car elle imite souvent d’autres troubles et présente un large éventail de symptômes qui affectent plusieurs parties du corps du cheval.

Les chevaux atteints de la MÉP peuvent souffrir d’ataxie dans leurs mouvements, souvent plus marquée d’un côté du corps. D’autres symptômes éventuels sont la boiterie, l’atrophie musculaire, la faiblesse ou des traits faciaux affaissés.

C’est un vétérinaire du Kentucky qui a identifié la MÉP pour la première fois en 1964. Dans les années 1970, les chercheurs ont isolé le protozoaire responsable de la MÉP. Depuis lors, les recherches se poursuivent pour mieux comprendre cette maladie neurologique souvent dévastatrice.

Les chercheurs ont constaté que la MÉP a tendance à se manifester sporadiquement, et qu’elle touche rarement plus d’un cheval à la ferme. [5] La Federal Drug Administration (FDA) américaine a approuvé plusieurs traitements qui se sont avérés efficaces lorsqu’ils sont administrés rapidement.

Cette maladie ne doit jamais être prise à la légère, car elle peut être mortelle. Lorsqu’on soupçonne qu’un cheval a contracté la MÉP, on doit le faire examiner immédiatement par un vétérinaire.

Les causes de la myéloencéphalite équine à protozoaire

La myéloencéphalite équine à protozoaire (MÉP) est causée par un protozoaire infectieux, une sorte d’organisme unicellulaire. Le responsable est le plus souvent Sarcocystis neurona ou, plus rarement, Neospora hughesi.

Ces deux protozoaires sont transportés par les opossums. Ces animaux ingèrent les protozoaires en se nourrissant de carcasses de chat, de raton laveur, de moufette ou de tatou, qui agissent tous comme hôtes intermédiaires.

Les protozoaires se transmettent aux chevaux lorsque ceux-ci consomment du fourrage, des aliments ou de l’eau contaminés par des excréments d’opossum contenant les sporocystes infectieux.

Les chercheurs ne savent pas exactement comment les protozoaires atteignent le système nerveux central (SNC) du cheval, mais ils soupçonnent qu’ils intègrent la circulation sanguine et traversent ensuite la barrière hématoencéphalique pour infecter le cerveau et la moelle épinière. [9]

Une fois que ces sporocystes pénètrent dans le SNC, ils commencent à l’attaquer, provoquant l’un ou plusieurs des nombreux symptômes possibles.

Les facteurs de risque

Les chevaux vivant dans certains lieux géographiques, par exemple dans l’est des États-Unis, sont plus susceptibles de développer la myéloencéphalite équine à protozoaire.

La plupart des cas de MÉP se manifestent dans les États suivants :

  • le Kentucky;
  • le Michigan;
  • le Missouri;
  • le New Jersey;
  • l’état de New York;
  • l’Ohio;
  • la Pennsylvanie;
  • le Tennessee.

Ces régions sont plus à risque, car elles abritent de plus grandes populations d’opossums et les protozoaires survivent plus facilement dans l’environnement. [2][6]

Les chevaux plus jeunes courent aussi plus de risques de contracter cette maladie et les animaux mâles sont deux fois plus susceptibles de développer la MÉP que les juments.

Les chercheurs ont également constaté une incidence plus élevée de MÉP parmi certaines races, y compris les chevaux Standardbred, Tennessee Walking Horse, Pur sang anglais et Warmblood, ainsi que chez les étalons. Les chevaux Quarter Horse, les autres races, les poneys et les races de chevaux lourds semblent afficher un taux d’incidence plus faible. [9]

La prévalence

On estime que jusqu’à 50 % des chevaux ont déjà été exposés aux sporocystes responsables de la MÉP. Cependant, seul un très faible pourcentage développe la maladie clinique.

Selon une étude, seulement 14 chevaux sur 10 000 développeront des symptômes de MÉP. [1]

Pourquoi certains chevaux exposés aux sporocystes développent-ils la MÉP alors que d’autres ne sont pas malades? Les chercheurs pensent que c’est lié au système immunitaire. Les chevaux dont le système immunitaire est affaibli courent un risque plus élevé de contracter cette maladie.

On a également établi une forte corrélation entre les événements stressants, tels que l’entraînement intense, le transport, les blessures, les interventions chirurgicales ou la parturition, et la MÉP. Le stress peut compromettre la fonction immunitaire et accroître le risque d’attraper la MÉP.

Des études montrent également que les chevaux de course et de compétition courent un risque plus élevé de contracter la MÉP comparativement aux chevaux destinés à l’élevage et au loisir. [5] Le stress accru que subissent les athlètes équins pourrait en être la cause.

Les symptômes de la MÉP

La plupart des chevaux soupçonnés d’avoir la MÉP semblent normaux, vifs et éveillés, bien que certains soient amaigris et légèrement déprimés.

L’examen neurologique peut révéler différents signes cliniques qui peuvent affecter à peu près n’importe quelle partie du corps du cheval et qui varient de légers à graves.

Voici une liste de symptômes possibles qui touchent la tête du cheval :

  • une lèvre tombante (ptôse);
  • des contractions musculaires faciales involontaires;
  • la chute d’aliments lorsque le cheval mange;
  • la paralysie faciale;
  • de la difficulté à avaler;
  • un port de tête incliné;
  • des oreilles tombantes.

Les symptômes qui peuvent affecter le reste du corps incluent les suivants :

  • un manque de coordination (ataxie) des membres postérieurs, souvent plus prononcé d’un côté;
  • de la raideur et de la difficulté à se déplacer;
  • une boiterie intermittente qui change souvent de côté;
  • des allures anormales;
  • la léthargie;
  • la faiblesse de l’arrière-main;
  • des difficultés à trouver son équilibre lorsqu’on soulève un pied;
  • la marche en cercle, les glissements ou les chutes en marchant;
  • l’atrophie musculaire, souvent au niveau de la croupe ou des épaules;
  • la prise d’appui sur un mur de la stalle pour s’équilibrer;
  • un sabot qui traîne, en particulier lorsque le cheval tourne;
  • les maux de dos;
  • des convulsions ou l’écroulement au sol;
  • une transpiration inhabituelle sur certaines parties du corps;
  • un port de queue sur le côté ou éloigné du corps.

La gravité des symptômes peut augmenter graduellement chez les chevaux atteints. Les signes peuvent diminuer rapidement ou se stabiliser, puis récidiver des jours ou des semaines plus tard. [5]

Diagnostiquer la MÉP

La seule façon de poser un diagnostic définitif de MÉP est par la détection post mortem d’une infection du système nerveux central par S. neurona ou N. hughesi.

Le vétérinaire peut poser un diagnostic soupçonné en se fondant sur les paramètres suivants :

  1. la présence de symptômes neurologiques compatibles avec la MÉP;
  2. l’élimination d’autres troubles neurologiques;
  3. la présence d’anticorps spécifiques à S. neurona ou à N. hughesi dans le sérum et le liquide céphalo-rachidien (LCR).

Les signes cliniques peuvent varier d’aigus à chroniques et peuvent toucher le cerveau, le tronc cérébral ou la moelle épinière. Un examen neurologique complet est souvent la première étape pour poser un diagnostic. [1]

De plus, une réaction thérapeutique positive aux médicaments diclazuril ou Toltrazuril sulfone appuie avec grande certitude le diagnostic de MÉP.

Le vétérinaire doit aussi écarter d’autres maladies et troubles qui présentent des symptômes similaires à ceux de la MÉP, notamment :

  • la myélopathie sténotique vertébrale (syndrome de Wobbler);
  • la rage;
  • l’encéphalite équine de l’Est ou de l’Ouest;
  • l’herpèsvirus équin 1 (la rhinopneumonie);
  • la maladie de Lyme;
  • le virus du Nil occidental;
  • la maladie de Cushing (PPID);
  • les carences ou une toxicité au sélénium;
  • d’autres problèmes de boiterie.

Le traitement de la MÉP

Si on soupçonne que le cheval a contracté la MÉP, il est recommandé de commencer le traitement immédiatement pour améliorer ses chances de récupérer. Si elle n’est pas traitée, la MÉP peut causer des dommages permanents au système nerveux central et éventuellement la mort.

Il existe actuellement trois traitements conventionnels approuvés par la Federal Drug Administration américaine (FDA) pour soigner la MÉP. Ce sont les suivants :

  • le ponazuril, commercialisé sous le nom de Marquis, administré une fois par jour pendant 28 jours;
  • le diclazuril, commercialisé sous le nom de Protazil, un médicament en comprimés à base de luzerne que l’on ajoute à la ration pendant 28 jours;
  • la sulfadiazine et la pyriméthamine, commercialisées sous le nom de Re-Balance, une suspension administrée par voie orale une fois par jour pendant 120 jours.

Selon une étude menée auprès de vétérinaires qui traitent la MÉP, ceux-ci ont déclaré utiliser surtout le ponazuril pour soigner les chevaux malades. [10]

Ces médicaments agissent en limitant la reproduction des protozoaires ou en les tuant complètement. Les trois traitements mentionnés précédemment ont démontré des taux d’amélioration clinique similaires dans les études, qui vont de 57 à 62 %.

Cependant, aucun des trois médicaments cités plus haut ne réussit à éliminer 100 % des protozoaires. Ils en diminuent plutôt le nombre afin que le système immunitaire du cheval puisse éventuellement prendre en charge ceux qui restent.

Le régime posologique

Il est souvent difficile de prévoir la durée du traitement. Par conséquent, il faut réévaluer les patients après un mois de traitement.

S’il constate une amélioration, mais que des signes cliniques persistent, le vétérinaire recommandera un autre mois de traitement. Néanmoins, si le cheval semble cliniquement normal, le traitement peut être interrompu. [6]

Les vétérinaires peuvent recommander de commencer le traitement des chevaux gravement touchés avec une dose de charge du médicament, qui peut être jusqu’à sept fois la quantité recommandée, avant de poursuivre avec la posologie habituelle.

Il appartient au vétérinaire de définir le plan de traitement et le schéma posologique appropriés pour le cheval concerné.

Les effets secondaires

Il convient de noter que certains médicaments administrés pour soigner la MÉP peuvent causer l’anémie, ce que le vétérinaire devra vérifier périodiquement pendant la durée du traitement. On doit rester à l’affût d’autres effets secondaires chez ces chevaux, y compris une éventuelle diarrhée aiguë[7]

Le produit Re-Balance (sulfadiazine et pyriméthamine) est plus susceptible de provoquer des effets indésirables, y compris l’anorexie, les troubles intestinaux, l’urticaire (hives) et la neutralisation de la moelle osseuse. [1]

Les risques de rechute et de récurrence

La récurrence des symptômes est l’une des préoccupations associées à la MÉP. On estime que 10 % des chevaux chez qui l’un des traitements approuvés par la FDA mentionnés précédemment a réussi feront une rechute d’un à trois ans après l’arrêt du traitement.

On ne connaît pas les causes de la rechute, mais elle pourrait être liée à l’incapacité d’atteindre les concentrations thérapeutiques de médicament requises pour traiter efficacement la maladie. Celle-ci pourrait être le fait d’une mauvaise pénétration de la barrière hématoencéphalique ou d’une fonction immunitaire déficiente. [1]

Les thérapies complémentaires

Parce que la MÉP est une maladie inflammatoire, il peut également être utile d’avoir recours à des médicaments anti-inflammatoires. On administre souvent de la flunixine méglumine (banamine) aux chevaux modérément ou gravement touchés pendant les 3 à 7 premiers jours de traitement.

Si le cheval présente des symptômes graves et court un risque certain de ne plus pouvoir se lever, le vétérinaire peut également prescrire une corticothérapie.

Les autres traitements peuvent inclure une supplémentation en DMSO et en vitamine E administrés par voie orale ou intraveineuse pour aider à guérir les tissus nerveux. [7]

Les traitements alternatifs

Plusieurs traitements alternatifs peuvent être utiles pour améliorer la fonction immunitaire des chevaux atteints de MÉP.

Dans la plupart des cas, aucune recherche n’a encore évalué l’utilisation thérapeutique des traitements alternatifs. L’efficacité de ces traitements est fondée sur des rapports anecdotiques et la pratique empirique.

Les propriétaires qui le souhaitent peuvent utiliser ces thérapies conjointement aux médicaments approuvés par la FDA. Parmi ces traitements alternatifs, on retrouve ceux qui suivent :

  • les suppléments chinois à base de plantes;
  • l’acupuncture;
  • la vaccination autogène, soit l’injection du sang du cheval malade au site de points d’acupuncture précis.

Les vétérinaires qui pratiquent la médecine vétérinaire holistique ou la médecine vétérinaire chinoise traditionnelle peuvent effectuer ou prescrire la majorité des traitements alternatifs mentionnés précédemment.

Le soutien immunitaire

Il est important de soutenir la fonction immunitaire du cheval concerné, à la fois pendant et après le traitement de la MÉP. Cela peut aider à limiter la gravité des signes cliniques et à réduire le risque de rechute.

La meilleure façon de soutenir le système immunitaire du cheval est de le nourrir selon un régime alimentaire naturel constitué principalement de foin de graminées. La ration de fourrage quotidienne recommandée se situe entre 2 et 3 % du poids vif de l’animal.

Il convient aussi d’éliminer autant que possible les céréales et les aliments transformés. Ces aliments peuvent favoriser l’inflammation et causer des troubles métaboliques.

On peut aussi favoriser la santé du système immunitaire du cheval des manières suivantes :

  • lui donner un supplément équilibré de vitamines et de minéraux qui contient des antioxydants (vitamine E, sélénium, vitamine C);
  • ajouter à la ration des herbes comme l’astragale, le ginseng sibérien, la grande camomille, les orties, l’achillée, le gaillet gratteron, les feuilles de pissenlit, le souci officinal, l’eupatoire perfoliée (herbe à souder) ou le pau d’arco;
  • prévoir régulièrement des séances d’acupuncture ou de massage;
  • éviter d’administrer inutilement des vermifuges chimiques et des antibiotiques;
  • diminuer le niveau de stress du cheval, notamment en lui permettant de vivre avec d’autres chevaux, en évitant le transport, en restreignant les entraînements vigoureux, entre autres mesures.

La prévention

Il n’est pas toujours possible d’empêcher le cheval de contracter la myéloencéphalite équine à protozoaire, mais certaines mesures peuvent réduire le risque sur la ferme.

Il convient en premier lieu de soutenir l’état de santé général et le bien-être du cheval en lui donnant une alimentation équilibrée à base de fourrage et en réduisant le stress.

Il est aussi important de minimiser l’exposition aux matières fécales excrétées par les opossums. Voici des conseils qui peuvent aider à réduire le risque d’exposition :

  • éviter de nourrir les chevaux au sol;
  • mettre en œuvre une méthode sûre d’entreposage des aliments concentrés, en les plaçant dans des contenants à l’épreuve des rongeurs;
  • mettre de l’eau fraîche à la disposition des chevaux;
  • privilégier les produits du bois tels que les copeaux, les granulés ou la sciure pour la litière des stalles, plutôt que la paille ou les tiges de maïs, afin de dissuader les opossums d’entrer dans l’écurie. [6]

En dernier lieu, l’utilisation intermittente d’agents qui combattent les protozoaires peut aider à prévenir la MÉP. Ces médicaments peuvent soulager les symptômes et diminuer la réaction des anticorps. [1]

Si vous habitez dans une région où vivent des opossums et si votre cheval présente d’autres facteurs de risque qui le prédisposent à contracter cette maladie, parlez-en à votre vétérinaire.

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