L’équitation et le travail avec les chevaux comportent des risques inhérents, mais le danger est plus grand lorsqu’on a affaire à un cheval agressif ou d’humeur changeante.

Pour cette raison, les propriétaires de chevaux se tournent souvent vers des suppléments calmants pour faciliter la manipulation et l’entraînement de leur animal.

Ils ont aussi recours à des remèdes calmants en cas de situation stressante comme le transport en remorque, les concours, les soins du pareur ou du maréchal-ferrant et les consultations vétérinaires.

Malgré leur popularité, les suppléments calmants figurent parmi les catégories de suppléments les moins étudiés chez les équidés. Le comportement peut être difficile à quantifier. Il s’agit donc d’un sujet complexe à étudier pour les chercheurs.

De plus, la cause profonde de la « fougue » du cheval peut être difficile à identifier. Les remèdes calmants qui donnent des résultats pour un individu donné peuvent ne pas être efficaces pour un autre animal dans des circonstances différentes.

Les suppléments contiennent souvent des ingrédients qui ont un effet calmant chez d’autres espèces, notamment les humains et les souris. En revanche, étant donné le nombre restreint d’études réalisées sur l’effet des agents calmants chez les équidés, il est difficile d’évaluer la plupart des allégations au sujet des produits destinés aux chevaux.

Il en résulte de la confusion parmi les propriétaires d’équidés. Dans une enquête récente menée auprès de propriétaires de chevaux écossais, 32 % ont déclaré ne pas savoir lequel des ingrédients contenus dans leur supplément avait un effet calmant et seulement 40 % ont affirmé avoir constaté des résultats positifs[1]

Dans cet article, nous évaluons les mécanismes, la biodisponibilité, l’innocuité et l’efficacité de certains des suppléments calmants pour chevaux les plus populaires offerts sur le marché à l’heure actuelle. Nous classons aussi les ingrédients en fonction des éléments de preuve rapportés dans les études menées sur les équidés.

Le comportement anxieux chez les chevaux

La réaction au stress aigu

Les comportements anxieux ou problématiques chez les chevaux sont habituellement des réactions physiologiques normales à une situation stressante ou inconnue. Ces comportements peuvent cependant être indésirables ou dangereux pour le cavalier ou le propriétaire de l’animal.

Certains équidés manifestent temporairement un comportement anxieux lors de circonstances stressantes comme le chargement ou le transport en remorque. Ceux-ci peuvent être autrement calmes et ne manifester de l’anxiété que dans de nouvelles situations.

Voici des exemples fréquents de tels comportements : [2]

  • de la difficulté à monter dans la remorque;
  • la réticence à avancer;
  • le refus de sauter les obstacles.

Une introduction progressive en douceur aux nouvelles situations permet d’éviter le renforcement des comportements d’évitement.

Le chargement en remorque et le transport éloignent aussi les chevaux de leur groupe social, un facteur naturellement stressant pour eux. Il importe d’initier graduellement les jeunes chevaux aux facteurs de stress tels que l’isolement social et la remorque en les y exposant d’abord pendant de courtes durées qu’on allonge ensuite progressivement.

Les équidés sont par ailleurs capables de déceler les indices de facteurs de stress à venir. Par exemple, ils peuvent se montrer réticents à sortir de la stalle s’ils anticipent devoir subir un harnachement mal ajusté ou un cavalier inexpérimenté[2]

Des études ont démontré que le transport des chevaux en remorque haussait le taux sanguin de cortisol, l’hormone du stress. Cette hormone accélère la fréquence cardiaque, en particulier au début du transport.

La bonne nouvelle est que les chevaux peuvent s’habituer au transport et à d’autres facteurs de stress courants, et afficher des niveaux de cortisol plus faibles lors de déplacements ultérieurs. [3][4]

En prenant des mesures pour éliminer ou réduire ces facteurs de stress, les propriétaires peuvent beaucoup contribuer à calmer leurs chevaux.

L’adrénaline (épinéphrine) et la noradrénaline (norépinéphrine), les hormones responsables des réactions de combat ou de fuite, sont également en hausse lorsque l’animal est stressé ou malade. Ces hormones, ainsi que le cortisol, se sont révélées être élevées chez les chevaux atteints de laminite aiguë et du syndrome abdominal aigu. [5]

Les comportements stéréotypés

Certains chevaux développent des comportements répétitifs et anormaux problématiques qui se manifestent dans leur vie quotidienne. On les appelle des stéréotypies. Ils incluent le tic à l’appui ou tic d’éructation, le tic déambulatoire, le tic de l’ours et le tic en l’air.

On considère généralement que les comportements stéréotypés sont des stratégies d’adaptation dynamiques qui ont un effet apaisant sur le cheval. [2]

En plus de compliquer la manipulation des équidés, l’anxiété persistante peut causer d’autres problèmes, tels que ceux qui suivent :

  • une diminution de la consommation d’aliments;
  • une perte de poids;
  • une baisse de performance;
  • un risque accru de blessures.

Lorsqu’un cheval affiche des comportements stéréotypés, il importe de consulter le vétérinaire pour identifier les problèmes ou les préoccupations sous-jacents qui pourraient survenir en raison du comportement répétitif.

Comment aider les chevaux anxieux

Lorsqu’un cheval a tendance à être indiscipliné, la première étape consiste à identifier les problèmes de santé ou de régie à l’origine de son comportement afin de les résoudre.

Il faut d’abord évaluer les causes suivantes qui peuvent être à l’origine du comportement anxieux :

  • de la douleur non traitée;
  • le manque de mise en liberté;
  • le manque d’exercice ou d’activité physique;
  • le refoulement d’un trop-plein d’énergie;
  • une alimentation riche en glucides;
  • de l’inconfort digestif;
  • un programme d’entraînement inadapté.

Les stratégies les plus importantes pour encourager un comportement calme chez le cheval sont les suivantes :

  • offrir de longues périodes de mise en liberté qui lui permettent d’exprimer les comportements naturels de pacage et de recherche de nourriture;
  • vérifier que son apport calorique ne dépasse pas ses besoins en calculant les besoins et en pesant les aliments;
  • donner un régime axé principalement sur le fourrage qui contient peu ou pas de concentrés comme les céréales ou les moulées commerciales;
  • si le cheval a besoin de calories supplémentaires, ajouter des matières grasses au lieu de glucides;
  • veiller à ce que son alimentation soit bien équilibrée;
  • proposer au cheval des activités enrichissantes et stimulantes pour combattre l’ennui.

Si le cheval manifeste toujours un comportement explosif malgré une alimentation équilibrée, la possibilité d’exprimer un comportement de recherche de nourriture suffisant et un programme d’exercice adéquat, il est peut-être temps d’envisager l’ajout d’un supplément.

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Les 6 suppléments les plus populaires pour calmer les chevaux

1) Le magnésium

Le magnésium est un macrominéral essentiel pour tous les animaux. La plus grande partie du magnésium se trouve dans les os et les muscles du cheval. [6] Ce minéral ionique participe aussi à l’activation enzymatique et à la contraction des muscles[7]

On incorpore du magnésium dans les suppléments calmants pour diminuer l’excitabilité, l’anxiété et la réactivité. Les études menées sur l’humain ont démontré qu’il influe sur la transmission nerveuse et soutient un effet anxiolytique (qui combat l’anxiété).

Chez les chevaux, une carence en magnésium peut causer un comportement anxieux. La supplémentation peut alors être bénéfique pour pallier le faible apport alimentaire.

Néanmoins, la recherche n’a pas clairement établi si une supplémentation en magnésium au-delà de la quantité nécessaire pour éviter la carence peut réussir à calmer un cheval réactif.

Les mécanismes d’action présumés :

  • l’inhibition des canaux calciques, ce qui provoque la vasodilatation; [8]
  • la modulation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien pour diminuer la production de cortisol.

Sa biodisponibilité et son innocuité :

On trouve le magnésium principalement dans les fourrages, y compris les pâturages et le foin. Le foin de qualité moyenne fournit généralement une quantité plus que suffisante de ce minéral. [9]

Malgré cela, les chevaux ne sont pas à l’abri d’une éventuelle carence en magnésium. Elle se manifeste par des signes cliniques comme l’anxiété, un manque de coordination et des tremblements musculaires. [7] Les autres symptômes de carence incluent l’excitabilité, l’irritabilité, les douleurs musculaires et la sensibilité aux bruits. [10]

Il n’existe aucune étude sur la toxicité du magnésium chez les équidés. Les nutritionnistes ont établi sa concentration alimentaire maximale à 0,8 %. Le cheval élimine le surplus de magnésium dans l’urine. [7]

L’organisme équin absorbe le magnésium principalement dans l’intestin grêle et à un moindre degré dans le gros intestin. [9] Le citrate, le chlorure, le lactate et l’aspartate de magnésium sont des formes hautement assimilables de ce minéral. [7]

On utilise le plus souvent l’oxyde de magnésium comme supplément alimentaire, car il offre une bonne biodisponibilité par voie orale, est économique et a une concentration de magnésium élémentaire plus élevée que d’autres formes. Il s’agit donc d’une bonne option lorsque la supplémentation est justifiée.

Son efficacité :

Le sulfate de magnésium administré par voie intraveineuse (MgSO4) diminue efficacement l’anxiété lorsqu’on le donne aux chevaux avant une épreuve. [11] En raison de son potentiel à améliorer les performances lors des compétitions, la FÉI le désigne comme une substance interdite.

Les chevaux qui ont reçu des perfusions intraveineuses de MgSO4 ont un port de tête plus bas, un indicateur de sédation. [11]

Bien que le magnésium par voie intraveineuse ait un effet calmant, la supplémentation orale n’a pas démontré de résultats uniformes. Dans une étude, des chevaux qui ont reçu de l’aspartate de magnésium ont enregistré un temps de réaction plus court après qu’on les ait surpris, alors que ce ne fut pas le cas dans une autre étude. [12][32]

LE VERDICT :les chevaux qui ont une carence en magnésium peuvent bénéficier d’une supplémentation. Davantage de recherches cliniques sont nécessaires pour déterminer si les suppléments de magnésium administrés par voie orale peuvent systématiquement produire un effet calmant chez les chevaux qui n’ont pas de carence.

Inconclusive

2) Le tryptophane

Le tryptophane est un acide aminé précurseur de la sérotonine qui est à la fois un neurotransmetteur et une hormone.

La sérotonine est la substance chimique du cerveau qui engendre les sentiments de bonheur et de satisfaction.

Les mécanismes d’action présumés :

On pense que le tryptophane produit un effet calmant en accroissant le niveau de sérotonine dans le cerveau.

La sérotonine est un neurotransmetteur inhibiteur qui participe à la régulation de l’appétit, du sommeil, de l’équilibre de l’humeur, des émotions, de l’anxiété, de la sensibilité à la douleur et plus encore. [13]

Sa biodisponibilité et son innocuité :

Le tryptophane est en concurrence avec d’autres acides aminés pour traverser la barrière hématoencéphalique. Chez l’humain, la recherche a démontré qu’une supplémentation en tryptophane à forte dose accroît la disponibilité de cet acide aminé dans le cerveau. [14]

Aux quantités habituellement trouvées dans les produits commerciaux, le tryptophane semble être un supplément sûr pour les chevaux.

En revanche, les doses excessives peuvent causer l’agitation, une accélération de la fréquence respiratoire et l’anémie hémolytique aiguë. La recherche a constaté des signes de toxicité chez les poneys qui ont reçu du tryptophane à raison de 350 mg par kilogramme de poids vif. [15]

Son efficacité :

Deux études ont examiné les effets de 6 à 6,3 g de tryptophane donné par voie orale sur les chevaux. Les deux études n’ont révélé aucune différence de comportement ou de fréquence cardiaque entre les sujets qui ont reçu le supplément et ceux du groupe témoin. [16][17]

Dans une autre étude, de faibles doses de tryptophane (0,05 et 0,1 mg par kilogramme de poids vif) ont augmenté l’excitabilité des sujets, mesurée par la fréquence cardiaque et le niveau d’activité.

La supplémentation a produit un effet contraire à celui recherché, ce qui suggère que le tryptophane pourrait être plus stimulant que sédatif. [13]

Alors que le tryptophane a un effet calmant chez d’autres espèces, la recherche sur les chevaux indique qu’il engendre un léger effet d’excitation. [14]

LE VERDICT :il n’existe aucune preuve qui indique que le tryptophane favorise un comportement calme chez les équidés.

Not Effective

 

3) La valériane

La valériane (Valeriana officinalis) est une plante à fleurs couramment utilisée en médecine traditionnelle en tant que somnifère et sédatif.

Les racines de la plante contiennent des ingrédients actifs qui favorisent un effet calmant.

Les mécanismes d’action présumés :

Les composés actifs de la valériane produisent un effet sédatif. Ils incluent une variété d’acides valérianiques, en particulier le sesquiterpène. [18]

La valériane agit en inhibant l’enzyme qui décompose l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), un neurotransmetteur inhibiteur du cerveau. Cela augmente les niveaux d’activation des récepteurs GABA et engendre un effet sédatif. [18][19]

Sa biodisponibilité et son innocuité :

L’utilisation de l’extrait de valériane chez les équidés n’a pas fait l’objet d’études scientifiques. La prudence est de mise.

Chez la souris, cette plante a causé un effet sédatif similaire à celui du phénobarbital, un médicament pharmaceutique. [20]

La FÉI a inscrit la racine de valériane sur sa liste des substances interdites pour les chevaux qui participent aux épreuves.

De plus, la concentration de composés actifs contenus dans les préparations à base de valériane varie considérablement. Les produits destinés aux chevaux ne sont pas normalisés. [18]

Son efficacité :

Bien que la science n’ait mené aucune étude sur les effets de la valériane chez les chevaux, la recherche sur d’autres animaux révèle un effet calmant.

Une étude a montré qu’un supplément de valériane et de passiflore administré aux porcs pendant le transport avait un effet sédatif et anxiolytique. [21]

L’administration d’une dose de 31,6 mg/kg de valéranone à des rats a produit un léger effet tranquillisant lorsqu’on les a soumis à un facteur de stress. [22]

LE VERDICT :les preuves sont insuffisantes pour établir l’efficacité de la valériane chez les équidés. La recherche sur d’autres espèces animales suggère un effet sédatif, mais des essais sont nécessaires pour tester son efficacité, son innocuité et sa posologie chez les équidés.

Inconclusive

4) La thiamine

La thiamine est une vitamine B (vitamine B1) dont le cheval a besoin pour une variété de fonctions métaboliques, y compris le métabolisme des glucides.

Les mécanismes d’action présumés :

Les vitamines B jouent un rôle dans la fonction nerveuse et la supplémentation en thiamine est réputée produire un effet calmant. Toutefois, son mécanisme d’action en tant qu’agent calmant est inconnu.

On considère généralement que la supplémentation en thiamine et en vitamines du complexe B est bénéfique pour les chevaux exposés au stress. La supplémentation en thiamine lors d’une septicémie est associée à une meilleure réponse immunitaire. [23]

Sa biodisponibilité et son innocuité :

La thiamine est largement disponible dans l’alimentation équine composée de fourrages frais de bonne qualité.

La quantité contenue dans l’alimentation équine typique suffit probablement à éviter une carence chez un animal en bonne santé à l’entretien ou soumis à une charge de travail modérée. Les chevaux astreints à des travaux lourds et les animaux malades pourraient bénéficier d’une supplémentation pour combler leurs besoins alimentaires.

La levure de bière est une bonne source de thiamine et d’autres vitamines B que l’on peut ajouter à la ration.

On n’a rapporté aucune incidence de toxicité de thiamine chez les chevaux. On la considère comme un supplément sûr et elle n’est pas interdite pour les chevaux qui prennent part aux compétitions. [7]

Son efficacité :

Il n’existe aucune étude publiée qui prouve les effets calmants de la thiamine sur les équidés. Les rapports anecdotiques suggèrent que les suppléments de vitamine B peuvent avoir un effet calmant sur les chevaux.

La supplémentation en thiamine peut aider les animaux soumis à un stress comme l’exercice intense, la maladie ou les déplacements. Cela dit, le cheval moyen comblera tous ses besoins s’il reçoit un fourrage de bonne qualité.

LE VERDICT :les preuves sont insuffisantes pour confirmer les effets calmants de la thiamine chez les équidés.

Inconclusive

5) L’alpha-casozépine

L’alpha-casozépine est un peptide bioactif extrait de la protéine de caséine du lait. Des études portant sur les humains et les animaux ont démontré qu’elle possède des propriétés qui atténuent l’anxiété. [24]

Les mécanismes d’action présumés :

On pense que l’alpha-casozépine agit de la même manière que les benzodiazépines utilisées pour soigner l’anxiété.

L’alpha-casozépine augmente l’activation des récepteurs GABA dans le cerveau, ce qui engendre un effet calmant. [25][26]

Sa biodisponibilité et son innocuité :

On considère généralement que l’alpha-casozépine est un ingrédient sûr. Les chevaux qui ont reçu de l’alpha-casozépine n’ont manifesté aucun changement de leur degré de vigilance. [24]

Contrairement aux drogues qui combattent l’anxiété, l’alpha-casozépine ne produit pas d’effets indésirables tels que le manque de coordination, l’agressivité et les problèmes de mémoire. [25][26]

Son efficacité :

L’alpha-casozépine s’est révélée efficace pour réduire l’anxiété chez les humains, les rats, les chats et les chiens. La recherche a démontré qu’elle diminuait le sentiment de peur chez les rats soumis à des événements stressants. [27]

Les chats auxquels on a donné ce supplément craignaient moins les étrangers et réagissaient moins agressivement. [28] Chez les chiens, il a produit des effets similaires à ceux des médicaments contre l’anxiété comme le diazépam et la sélégiline. [27][29]

Le nombre d’études portant sur les chevaux est limité, mais les premiers résultats semblent prometteurs. Dans une étude menée sur des poneys féraux, les sujets ont reçu par voie orale 1 000 mg d’alpha-casozépine une fois par jour pendant cinq jours avant leur transfert dans un centre pour être entraînés pendant deux semaines. Les poneys ont continué à recevoir le supplément pendant deux autres semaines tout en étant entraînés.

Les chercheurs ont évalué leur niveau de calme et d’obéissance, ainsi que la progression de leur apprentissage. Les poneys qui ont reçu de l’alpha-casozépine ont obtenu de meilleurs résultats dans la plupart de leurs séances d’entraînement quotidiennes que ceux qui n’ont pas reçu de supplément. [24]

LE VERDICT :les preuves d’efficacité chez d’autres espèces et les observations comportementales préliminaires chez les équidés suggèrent que l’alpha-casozépine peut induire un effet calmant.

Some Efficacy

 

6) Le gattilier ou agnus-castus

Le gattilier, aussi appelé arbre au poivre, poivre sauvage ou agnus-castus (vitex agnus-castus) est une plante utilisée depuis longtemps en médecine traditionnelle pour traiter les troubles hormonaux féminins. Il gagne aussi en popularité en tant que supplément pour équilibrer les hormones et l’humeur chez les chevaux.

Les rapports anecdotiques indiquent que cette plante calme les juments d’humeur inconstante et les étalons agressifs.

Les mécanismes d’action présumés :

On présume que le gattilier agit en se liant aux récepteurs D2 de la dopamine dans l’hypophyse et en diminuant la sécrétion de l’hormone appelée prolactine.

Un taux inférieur de prolactine entraîne une augmentation de l’hormone lutéinisante et de stimulation folliculaire, qui à son tour accroît le taux de progestérone. [30] On pense que la hausse du taux de progestérone engendre l’effet calmant observé chez les juments.

La diminution de l’hormone lutéinisante est associée à une baisse du niveau de testostérone chez les souris mâles. C’est peut-être la raison qui explique pourquoi le gattilier calme les étalons agressifs. [31]

Le gattilier est d’autre part réputé aider à réguler le niveau de cortisol en diminuant la sécrétion d’hormone adrénocorticotrope (ACTH) par l’hypophyse. Le cortisol est la principale hormone du stress de l’organisme.

Sa biodisponibilité et son innocuité :

L’extrait de gattilier contient un éventail de composés végétaux actifs, notamment des huiles essentielles, des glucosides iridoïdes, des diterpènes et des flavonoïdes.

Comme la plupart des remèdes à base de plantes, la concentration de ces composés varie en fonction des conditions de culture, de la génétique des plantes et des procédés de transformation.

On considère ordinairement que le gattilier est sûr pour les chevaux, mais il est contre-indiqué pour les juments gestantes ou qui allaitent en raison de sa capacité à affecter les niveaux de prolactine. Il importe de consulter le vétérinaire avant de donner de l’extrait de gattilier à un cheval qui souffre des problèmes médicaux connus.

Son efficacité :

Il n’existe aucune étude scientifique sur les effets du gattilier chez les équidés. Son utilisation est principalement fondée sur des revues anecdotiques et des rapports de cas vétérinaires qui suggèrent ses bienfaits.

Les recherches effectuées sur d’autres espèces suggèrent des résultats prometteurs pour la régulation des hormones. Davantage d’études sont nécessaires pour déterminer si ces effets existent chez les équidés.

LE VERDICT :les preuves sont insuffisantes pour établir l’efficacité du gattilier chez les équidés. Des études sont nécessaires pour valider les doses efficaces et les protocoles de traitement.

Inconclusive

En résumé

Les propriétaires ont souvent recours à des suppléments calmants lorsque leur cheval est trop réactif. Néanmoins, la grande majorité des ingrédients n’ont pas fait l’objet d’études scientifiques suffisantes pour justifier leur emploi chez les équidés.

Cela ne signifie pas nécessairement que ces ingrédients sont inefficaces, mais plutôt que davantage de recherches sont nécessaires pour en évaluer l’efficacité. Certains composés comme l’extrait de gattilier ont accumulé de solides antécédents anecdotiques qui suggèrent leur efficacité. Mais des essais comparatifs avec placebo à double insu sont nécessaires pour établir de manière concluante si un supplément agit ou non comme un agent calmant.

L’alpha-casozépine est le supplément qui a l’effet calmant le plus prometteur chez les équidés selon la recherche. Ce peptide de caséine est sûr et on a constaté son efficacité dans une petite étude menée sur des poneys féraux.

Les poneys qui ont reçu de l’alpha-casozépine se sont avérés moins réactifs aux situations stressantes associées à l’entraînement et à la régie en milieu domestique. Comparativement aux sujets du groupe témoin, les poneys supplémentés affichaient un niveau de confort plus élevé et acquéraient plus facilement de nouvelles compétences.

Étonnamment, l’un des suppléments calmants les plus couramment utilisés, le tryptophane, n’a pas produit d’effet calmant dans les études scientifiques. Il semble plutôt avoir eu un léger effet stimulant chez les chevaux étudiés.

Le magnésium est un autre supplément calmant populaire qui semble être efficace lorsqu’on l’administre par voie intraveineuse, mais il n’existe aucune preuve concluante concernant son utilisation en tant que supplément oral. Il peut aider les chevaux qui souffrent d’une carence, mais davantage d’études sont nécessaires pour comprendre si le magnésium donne des résultats chez ceux qui n’en ont pas.

Si votre cheval a besoin d’aide pour conserver un comportement calme, la première étape consiste à s’attaquer aux causes sous-jacentes et à minimiser les facteurs communs de stress.

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Références

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